Engraisser les vaches laitières de réforme permet d’en augmenter la valeur ajoutée. Dans l’idéal, le choix doit se porter sur des animaux en bonne santé dont la production laitière est inférieure à 20 kg par jour, la race jouant ici un rôle secondaire. Pour les exploitations souhaitant se spécialiser dans ce mode de production, il est recommandé d’opter pour une stabulation entravée. En effet, dans une stabulation libre, les fréquents changements dans la composition du troupeau font que la hiérarchie doit être redéfinie à chaque modification, générant un grand stress pour les animaux et augmentant le risque d’accidents. De plus, en stabulation entravée, il y a également moins d’agitation lorsqu’une vache est en chaleur, ce qui simplifie notablement la gestion du troupeau. L’automne, période de désalpe et d’abondance d’animaux sur le marché, constitue le moment idéal pour acheter des vaches de réforme.
Une alimentation ciblée
Comme dans le cas des vaches laitières, l’engraissement des vaches de réforme exige une ration équilibrée. Pour garantir la rentabilité de cette branche de production, cette ration doit être composée à partir du fourrage de base disponible dans l’exploitation. Deux éléments clés permettent d’assurer de bons gains quotidiens : l’appétibilité de la ration et la quantité de matière sèche ingérée. Le fourrage de base doit donc être d’excellente qualité. L’ensilage de maïs est un élément important de la ration, car il permet d’augmenter la densité énergétique et la prise de poids. Cependant, pour éviter une accumulation excessive de graisse, il faut compléter la ration avec des éléments adaptés, en choisissant ces derniers idéalement sur la base d’analyses des fourrages de base. L’apport de structure est également crucial pour respecter les besoins des ruminants : il faut compter environ 2 à 3 kg de fourrage sec par vache et par jour. L’approvisionnement en protéines, qui peut être assuré par l’ensilage d’herbe de deuxième coupe (ou suivantes), joue quant à lui un rôle majeur dans le développement musculaire et donc dans l’obtention de la bonne charnure. Cependant, lorsque la ration contient environ 50 % de maïs, il est en général nécessaire de compléter l’apport en protéines avec un aliment complémentaire. Enfin, lorsque les vaches sont mises à l’herbe sur des prairies existantes, il faut veiller à ce que le taux de passage ne soit pas trop rapide et constant. Dans ce but, un apport d’ensilage de maïs ou de compléments de régime riches en fibres constituent des solutions efficaces.
La santé avant tout
Pour que les vaches expriment pleinement leur potentiel de gain de poids, elles doivent être en parfaite santé. C’est pourquoi il est judicieux d’investir dans l’alimentation pour optimiser la consommation, en veillant notamment à assurer un apport adéquat en minéraux. Le maïs, naturellement pauvre en minéraux, nécessite une complémentation ciblée afin de garantir la stabilité du métabolisme. Les minéraux sont notamment essentiels pour la santé des onglons, un point crucial en phase d’engraissement. En effet, une vache qui peine à se tenir debout, en raison de douleurs, limite spontanément son ingestion. Ainsi, les boiteries prolongent la durée d’engraissement, péjorant la rentabilité. Enfin, il est aussi recommandé d’envisager l’emploi de substances tampons afin de stabiliser le pH ruminal et limiter les effets du stress thermique.
Pour assurer la rentabilité de l’engraissement des vaches de réforme, la garde et l’alimentation sont deux facteurs clés.
La taxation fait la différence
En raison d’une forte demande, en particulier en été lorsque l’offre est plus faible, le marché des vaches de réforme se porte bien. Que l’engraissement soit pratiqué en système conventionnel ou dans le cadre d’un label joue un rôle secondaire, sachant que le secteur bio n’offre actuellement que des opportunités de marché limitées. Tout repose donc sur la taxation des animaux. Une ration bien équilibrée peut améliorer à la fois la couverture graisseuse et la charnure, et dès lors permettre de gagner jusqu’à deux classes dans chaque catégorie de taxation. Il est ainsi possible de faire passer une vache de classe 3X– 1 à une classe T3 en moins de 150 jours. Or, en 2024, une vache T3 pouvait se vendre en moyenne à 9 fr. 38 par kg de poids mort. Ainsi, avec une durée d’engraissement bien maîtrisée et une marge brute par animal et par jour prévisible, l’engraissement des vaches peut devenir une branche d’exploitation rentable, à condition de travailler de manière méthodique, de bien sélectionner les animaux et d’en assurer un suivi rigoureux.