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Production animale

A l’assaut de la fièvre de lait

Chez les truies, le manque de lait après la mise bas a de multiples origines. Au-delà des causes, il a aussi un impact négatif marqué sur le taux de perte des porcelets et sur la fertilité des truies. L’alimentation pendant la phase tarie et la préparation à la naissance revêtent une grande importance à cet égard.

Les truies qui présentent un bon appétit sont moins à risque. 

Les truies qui présentent un bon appétit sont moins à risque. 

Publié le

Responsable du programme de production porcine UFA

Spécialiste porcs, UFA SA

 

Dans le jargon médical, la fièvre de lait est désignée par l’acronyme SDPP (syndrome de dysgalactie post-partum), qui désigne, notamment chez les truies, un manque de lait après la mise bas. Il s’agit d’une maladie multifactorielle. Une intervention précoce lors de l’apparition des symptômes peut réduire les problèmes pendant la période de mise bas.

Observer les signaux d’alarme

Observer les animaux forme la clé de voûte de la détection précoce. Les truies lourdes et sujettes à l’obésité, dont la note de l’état corporel (Body Condition Scoring, BCS) dépasse 3,5 (cf. illustration), ont un risque accru. Inappétence et constipation aux alentours de la mise bas sont les premiers signes d’anomalies. Une durée de mise bas prolongée peut indiquer un problème au niveau du métabolisme du calcium et un futur manque de lait. Dans ce cas, il n’est pas rare que les truies se couchent sur les mamelles, qui peuvent être rouges ou durcies. Avec le temps, on observe parfois aussi un écoulement vaginal. A noter que les truies atteintes de SDPP n’ont pas toutes une température corporelle accrue (>39,5° C).

Rechercher la cause

Evaluer l’ensemble de l’exploitation vaut la peine dès lors que la maladie constitue un problème enzootique (>20 % des animaux affectés). Parmi les causes du SDPP figurent les erreurs de gestion spécifiques à l’exploitation, associées à la présence d’agents infectieux, ainsi que le surconditionnement des truies. De plus, les défenses immunitaires étant réduites après la mise bas, le risque de développer le SDPP est aussi plus élevé lorsque les voies génitales sont ouvertes et en présence de blessures des trayons ou de la peau de la mamelle. Les solutions consistent notamment à assurer une alimentation adaptée aux besoins des truies autour de la mise bas, afin de prévenir la constipation, pour laquelle un approvisionnement en eau suffisant est également une condition essentielle. De plus, le nettoyage et la désinfection systématiques des boxes avec le système « tout dedans - tout dehors » dans la porcherie de mise bas réduisent la pression microbienne aussi efficacement que le lavage des truies avant leur transfert dans le box de mise bas. Enfin, abaissant le pH urinaire de manière ciblée (et ainsi, la teneur en germes dans les voies urinaires), les sels acides réduisent la pression infectieuse.

Perte économique

Le manque de lait est l’affection la plus fréquente chez les truies. Chez les porcelets, la réduction de la production de lait et le sous-approvisionnement en anticorps qui en résulte accroissent le risque de maladies : 50 % des pertes de porcelets seraient dues au SDPP. Par ailleurs, le manque de lait péjore le gain de poids des porcelets. Enfin, chez les truies, la proportion de retours d’œstrus ou d’œstrus tardifs est plus élevée après un SDPP. Pour faire les analyses requises, il est possible d’utiliser un outil de planification pour truies, comme le planificateur UFA2000. Celui-ci montre aussi où se situe une exploitation en comparaison d’autres exploitations, permettant d’identifier les points forts et les points faibles, et ainsi, d’augmenter ses chances de succès.

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Catégories de note de l’état corporel (BCS) chez la truie reproductrice. 

(Photo: màd)

Planifier l’alimentation avec précision

Respecter les besoins fondamentaux des truies est essentiel : au début de la gestation, il faut nourrir celles-ci en fonction de leur état corporel, en visant une valeur de 3,0 à 3,5 de BCS pour les truies (cf. illustration) ; en phase de gestation avancée, la croissance des fœtus s’accélérant fortement, il faut élever les apports en énergie et veiller à ce que l’aminogramme soit adapté, en évitant les apports excessifs, pour prévenir la formation excessive de réserves corporelles. Si le fourrage grossier donné à titre de complément assure un bon sentiment de satiété et répond aux prescriptions en matière de protection des animaux, il faut noter qu’il a généralement un bilan cations-anions (BACA) élevé, bloquant notamment le calcium. La truie n’ayant dès lors pas assez de Ca librement disponible durant la mise bas, il peut s’ensuivre des mises bas prolongées, une mortinatalité plus élevée et, souvent, des troubles digestifs allant jusqu’à la constipation ou au SDPP. Ce trouble est parfois dû au déséquilibre électrolytique entre cations (+) et anions (-) durant la phase tarie. Ainsi, il faut, pour les rations de gestation dont la part de fourrage grossier dépasse 15 % de MS, les vérifier avec le plan d’affouragement des porcs UFA.

Semaine de préparation essentielle

Durant la semaine de préparation à la mise bas, il s’agit d’augmenter la teneur en cellulose brute, afin d’assurer le maintien de l’activité intestinale durant la phase de mise bas et de prévenir la constipation ; il est aussi judicieux d’utiliser des sels acides, permettant de réduire l’excès de cations, d’améliorer la disponibilité du calcium et d’abaisser le pH urinaire, ce qui inhibe les germes nuisibles dans les voies génitales et limite le risque de SDPP. Par ailleurs, la période d’allaitement étant synonyme de performances maximales pour les truies, l’approvisionnement doit être suffisant en énergie et en nutriments –une véritable gageure. Pour ce faire, affourager les truies deux voire trois fois par jour, leur permettant de bien transformer l’importante quantité d’énergie et de garantir un approvisionnement optimal des porcelets. 

Analyse UFA des mises bas chez les truies

Quel est le comportement de mise bas dans l’exploitation ? Grâce à l’analyse UFA de la préparation à la mise bas, les agriculteurs·trices obtiennent des solutions optimisées pour leur exploitation. Ce lien permet d’accéder directement au questionnaire, qui ne prend que quelques minutes.

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