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Production animale

Faire un calcul mixte

Engraisser des cabris n’exige pas seulement beaucoup de patience. Leur commercialisation occasionne également énormément de travail. Plus les cabris sont élevés conformément à leurs besoins, meilleures sont leurs performances d’engraissement. Un mode d’élevage conforme contribue aussi à la rentabilité de l’engraissement de cabris. Dans les exploitations caprines, l’engraissement de cabris ne doit cependant pas être considéré de façon isolée mais comme faisant partie d’un tout.

Dans l’engraissement de cabris, pour disposer de cabris en bonne santé et atteindre de bons accroissements, il faut respecter certains points.

Dans l’engraissement de cabris, pour disposer de cabris en bonne santé et atteindre de bons accroissements, il faut respecter certains points.

(Jonas Salzmann)

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Actualisé le

Spécialiste bovin et caprin au Service technique UFA

Spécialiste veaux d’engraissement au Service technique UFA

En 2019, en Suisse, 41 000 caprins ont été abattus. Une grande partie était des cabris de chèvres laitières. Bon nombre d’organisations et d’exploitations se plaignent du fait que l’engraissement de cabris n’est pas rentable, surtout en l’absence de vente directe. Cet aspect ne devrait en aucun cas empêcher un mode de détention et un approvisionnement optimal des cabris. Certaines mesures ont un effet bénéfique sur les performances et la santé, réduisent la durée d’engraissement et contribuent à une meilleure rentabilité.

Après la naissance

Comme tous les animaux de rente, les cabris ont besoin d’un approvisionnement correct en colostrum. Pour cela, ils devraient recevoir 3 dl de colostrum dans un délai de deux à six heures après la naissance. Il est judicieux de congeler du colostrum de chèvres multipares au cas où une mère ne produirait pas assez de colostrum. La décongélation devrait être réalisée avec soin (p. ex. au bain-marie à 45° C ou pendant 15 minutes dans un four micro-onde à 250 W). En effet, chauffer le colostrum à une température trop élevée détruit les anticorps qu’il contient. Selon le niveau d’approvisionnement de leurs mères, les cabris devraient recevoir du sélénium à l’âge de cinq à sept jours. Cet oligo-élément peut être administré par injection ou par voie orale, à l’aide d’une pâte. La température d’étable joue aussi un rôle important. C’est à une température de 15 à 20° C que les cabris se sentent le mieux. La plupart des cabris naissent pendant la saison hivernale, soit à une période où il est difficile d’atteindre une qualité d’air optimale.

Phase de buvée

Une bonne gestion de la buvée passe aussi par des pratiques appropriées. Il est préférable que le lait soit consommé à l’aide d’une tétine plutôt que directement au seau. Sucer la tétine déclenche le réflexe de fermeture de la gouttière œsophagienne et contribue à ce que le lait parvienne dans la caillette. Dans le cadre de la buvée directement au seau, il se peut que du lait finisse dans la panse et engendre des fermentations indésirables. En présence d’un distributeur automatique de lait (DAL), la buvée ad libitum est une bonne solution. A l’inverse des agneaux, les cabris peuvent aussi être nourris avec une poudre de lait pour veaux normale. En effet, contrairement au lait de brebis, la composition du lait de chèvre est assez proche de celle du lait de vache. Dans le cas de la buvée ad libitum, la meilleure solution consiste à se baser sur la consommation moyenne du groupe.

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La panse d’un cabri de 9 semaines abreuvé au moyen d’un seau posé au sol.

(Photo: Jonas Salzmann)
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La panse d’un cabri de 9 semaines abreuvé au moyen d’un seau avec tétine.

(Photo: Jonas Salzmann)

La consommation quotidienne devrait osciller entre 2 et 2,5 l de lait par cabri. La ration peut être ajustée via la concentration en poudre de lait, en augmentant la quantité de poudre de lait par litre de buvée. Avec une concentration plus élevée en poudre, les cabris sont plus rapidement rassasiés et boivent par conséquent moins de liquide. Chez les cabris d’engraissement, une concentration de poudre allant jusqu’à 180 g par litre de buvée ne pose pas de problème. L’état des tétines doit toujours être vérifié, indépendamment du fait que l’on utilise un automate à lait ou des seaux. Seule une tétine offrant suffisamment de résistance assure un mode de succion approprié et garantit que le lait ne soit pas bu trop rapidement. Sur les DAL, il faut veiller tine ne soient pas trop longs, pour à ce que les tuyaux qui vont à la tééviter que le lait refroidisse.

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Il est préférable que les cabris boivent à la tétine plutôt que directement au seau.

(Jonas Salzmann)

Exploitation Salzmann, Signau Une expérience de 30 ans dans l’engraissement

Cela fait près de 30 ans que la famille Salzmann de Signau (BE) engraisse les cabris issus de son propre troupeau de chèvres laitières. Les jeunes cabris restent entre trois et quatre jours avec leur mère, pour consommer assez de colostrum. Lorsque les mères ont de grands trayons ou qu’elles ne se laissent pas téter, Fritz Salzmann rapproche les cabris des mamelles. Les cabris sont ensuite installés dans l’étable d’engraissement située dans un bâtiment adjacent et comptant cinq boxes pouvant accueillir dix animaux chacun. Comme les cabris naissent pendant la saison froide, l’éleveur construit dans chaque box un abri constitué de bottes de paille, pour préserver une bonne température tout en maintenant une bonne qualité d’air. L’abri reste en place jusqu’à ce que les cabris aient atteint l’âge d’un mois. Ces derniers sont nourris avec le lait entier des vaches de l’exploitation, en utilisant des seaux dotés d’une tétine. « L’habituation à la buvée nécessite parfois de la patience », explique Fritz Salzmann. Après une semaine environ, l’éleveur ajoute de la poudre de lait pour veaux au lait de vache, pour augmenter la teneur en MS de la buvée et favoriser ainsi de meilleurs accroissements. Outre le passage de la buvée au seau à la buvée au seau avec tétine, Fritz Salzmann considère l’acidification de la buvée comme une amélioration majeure. « Depuis que je procède ainsi, les problèmes de diarrhées sont rares », explique l’agriculteur. L’acidification de la buvée permet de distribuer des quantités de lait supérieures allant jusqu’à 2 l de lait entier et incluant 60 g de poudre de lait (30 g / l) en deux repas par jour. Les traitements de groupe ne sont plus nécessaires, la qualité de l’air étant excellente. L’étable est en effet haute de plafond et le taux d’occupation est raisonnable. La majeure partie des cabris est commercialisée via Proviande. C’est pourquoi chaque cabri est pesé avant d’être inscrit. La famille Salzmann ne s’est lancée que récemment dans la vente directe. Elle a l’intention d’écouler davantage de cabris en vente directe. Fritz Salzmann précise : « Les producteurs qui souhaitent bénéficier de la bonne valeur ajoutée offerte par le lait de chèvre doivent s’accommoder de la situation commerciale plus délicate de l’engraissement de cabris. »

Accroissements

Chez les cabris, on vise des accroissements journaliers moyens d’au moins 200 g au cours des deux premiers mois de vie. Les cabris qui pèsent 3 kg à la naissance sont prêts pour l’abattage après deux mois. Le poids mort (PM) joue un rôle moins important si les cabris sont vendus en vente directe. Avec les nouvelles classes de poids, l’éventail des poids morts s’est réduit. Actuellement, cet éventail de poids oscille entre 6 et 7,9 kg de PM. Les cabris trop lourds ou trop légers subissent une déduction de prix. Une déduction de 3.50 francs par kilo de PM est opérée sur les cabris classés en H et pesant plus de 7,9 kg de PM. Il vaut donc la peine de peser les cabris avant de les inscrire à l’abattoir. Les cabris devraient peser entre 13 et 16 kg de poids vif (PV).

Exploitation Mayer, Tschlin : Cabris bio à l’automate

La famille Mayer gère un domaine agricole biologique à Tschlin, un village des Grisons à l’intersection avec l’Italie et l’Autriche. Elle y élève 160 chèvres laitières et 30 chevrettes d’élevage. Pendant la période de mise bas, les cabris sont alimentés à l’automate.

Tout de suite après leur naissance, les cabris sont approvisionnés en sélénium et restent ensuite cinq jours avec leur mère. « En cas de naissances multiples, il faut toujours contrôler si tous les cabris ont pu boire du colostrum », explique Ernst Mayer. Après sa naissance, chaque cabri est muni d’un collier portant le numéro de sa mère. A l’âge de dix jours, les cabris sont marqués à l’aide de marques auriculaires. Après avoir été séparé de sa mère, chaque cabri est conduit trois fois par jour à l’automate à lait. Ernst Mayer vérifie ensuite si tous les cabris ont bu, en observant l’état de leur ventre. « Plus les cabris sont nombreux à boire de manière autonome et plus les cabris qui viennent d’arriver apprennent eux-mêmes rapidement à boire », constate le chef d’exploitation. L’automate à lait compte quatre postes avec tétine, ce qui suffit pour environ 120 cabris. L’éleveur veille à ce que les tuyaux qui relient l’automate aux tétines mesurent au moins 80 cm de long. L’automate à lait est réglé de manière à assurer une température du lait minimale de 41° C. Une fois à disposition des cabris, la température du lait n’est plus que de 39° C. Les cabris ingèrent ainsi environ 2,5 l de lait entier par jour, sans souffrir de problèmes de diarrhée. Ils atteignent leur poids idéal de 14 kg après six à sept semaines. « Nous accordons beaucoup d’importance à l’état de propreté des automates, raison pour laquelle ces derniers sont lavés deux fois par jour à l’aide d’un produit alcalin, tuyaux et tétines compris », précise l’agriculteur. « Il faut aimer ce que l’on fait, travailler de manière minutieuse et ne pas s’attendre à devenir très riche avec l’engraissement de cabris », précise Ernst Mayer.

Perspectives commerciales

Sur les 41 000 caprins abattus chaque année, Proviande commercialise entre 4000 et 5000 cabris. Selon Peter Schneider, responsable de la classification et des marchés chez Proviande, ce chiffre montre que la plupart des éleveurs caprins écoulent leurs cabris en vente directe. « Il faut faire un calcul mixte et commercialiser la viande de cabri en tant que viande jeune et maigre. Il faut aussi viser un écoulement continu », explique Peter Schneider. Malgré la rentabilité médiocre de cette branche de production, en 2019, 175 t de viande caprine ont été débloquées pour l’importation, soit près d’un tiers de la viande caprine produite en Suisse. Selon Peter Schneider, les importations aident à assurer une offre suffisante tout en permettant de couvrir constamment la demande.

Le marché de la viande de cabri se caractérise en effet par de fortes fluctuations saisonnières. « On parvient ainsi à maintenir la consommation à un niveau stable », précise encore l’expert de Proviande. Les actions mises en place l’automne dernier par les grands distributeurs confirment que la viande de cabri est demandée jusqu’en été. Il est important de s’adresser à une clientèle qui achète des produits régionaux et durables. La viande caprine permet d’élaborer de délicieux produits carnés. Commercialiser les cabris à un prix rentable concourt également à la pérennité de l’exploitation.

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