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Vie quotidienne

Une année entre vie à la ferme et bancs d’école

Pour de nombreux jeunes, l’année d’économie familiale est un saut dans l’inconnu. Tina, une jeune femme de Bâle-Campagne, nous raconte cette année riche en nouvelles expériences, où elle a pu améliorer ses connaissances linguistiques et gagner en indépendance.

Pour Tina, le travail au potager fait aussi partie intégrante de ses activités à la ferme de Puidoux.

Pour Tina, le travail au potager fait aussi partie intégrante de ses activités à la ferme de Puidoux.

(Jean-Pierre Burri)

Publié le

Rédactrice Revue UFA

Aseulement 16 ans, Tina Seitz a déjà roulé sa bosse. Au lieu de commencer un apprentissage directement après l’école secondaire, la jeune femme de Muttenz (BL) a opté pour une année d’économie familiale dans une ferme en Suisse romande, près de Moudon. « Ma mère et ma sœur ont elles aussi fait une année d’économie familiale », explique-t-elle. C’est l’Ortra intendance Vaud, l’organisation professionnelle de l’économie familiale du canton de Vaud, qui a fait le lien. Après une journée d’information à l’école et un stage d’essai, Tina était sûre de son choix. Bien sûr, au début, elle avait un peu peur de ne pas pouvoir se faire comprendre en français, mais le fait que la paysanne était originaire de Suisse alémanique l’a rassurée. Depuis 2013, Veronika, sa mère d’accueil, a formé onze jeunes en économie familiale, et trouve « génial » de les accompagner pendant une année.

« Former des jeunes au pair est une expérience géniale. »

Veronika Chevalley, agricultrice

Ces dernières viennent de toute la Suisse et gardent souvent le contact, même après de nombreuses années. Veronika a elle-même fait une belle expérience en économie familiale dans une famille avec des enfants en bas âge. Elle sait bien que l’arrivée dans une famille étrangère, dans une région souvent inconnue, représente un grand changement. La famille d’accueil doit donc se montrer compréhensive.

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Tina et Veronika Chevalley.

(Jean-Pierre Burri)

 

Des journées bien structurées

Tina a sa propre chambre à l’étage supérieur de la maison, où vit aussi la mère de l’agriculteur. Elle dispose ainsi d’un espace pour elle, lui offrant de l’intimité. Si les journées à la ferme sont bien structurées, elles n’en demeurent pas moins variées. La famille d’agriculteurs vit du lait de brebis, qui est transformé en yogourts et en fromage. La ferme possède également des vaches et des grandes cultures. La journée de Tina commence à 7h15 avec du nettoyage dans la maison et le magasin. Après le petit-déjeuner, elle a différentes choses à faire, dont la cuisine. « Je cuisine souvent pour six personnes, en veillant à ce que le repas soit prêt à temps », raconte-t-elle. En effet, en plus de la famille, une apprentie, un stagiaire et parfois des employés vivent également à la ferme. Elle cuisine souvent de la viande, ce qui est nouveau pour Tina car elle n’en mangeait pas beaucoup à la maison. « J’aime beaucoup cuisiner et faire de la pâtisserie », confie-t-elle.

« Les cours portent sur des matières telles que la cuisine, l’alimentation, la santé ou la couture. »

Tina Seitz, apprentie en économie familiale

L’après-midi, elle s’adonne à d’autres tâches domestiques telles que le nettoyage des œufs, la lessive ou la confection de desserts. Parfois, elle aide aussi à l’extérieur, notamment avec les moutons. Tina perçoit un salaire mensuel de 440 francs. Elle pensait qu’elle aurait le mal du pays, mais l’adaptation a été moins difficile qu’elle ne le craignait. « Je rentre chez moi le week-end, ça aide », dit-elle, détendue.

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En plus de cuisiner et de faire de la pâtisserie, ce que Tina aime le plus, c’est s’occuper des moutons, la ferme de Puidoux abritant des brebis de Frise orientale.

(Jean-Pierre Burri)

Le mercredi, c’est école

Tous les mercredis, Tina suit des cours à l’école d’intendance Agrilogie Grange-Verney à Moudon. Deux mondes s’y rencontrent : les jeunes Suisses alémaniques (des jeunes femmes à une exception près) et leurs homologues francophones. Au début, elle ne comprenait pas tout. « J’ai dû demander de parler plus lentement et de répéter », se souvient Tina. Mais avec le temps, elle a fait des progrès. Les enseignantes parlent généralement aussi un peu allemand. Les cours portent sur des matières telles que la cuisine, l’alimentation, la santé ou encore la couture. « Nous cuisinons et c’est un autre groupe qui mange notre repas. Nous apprenons beaucoup de choses utiles », estime-t-elle. Les élèves abordent des thèmes tels que l’alimentation des enfants ou les règles d’hygiène. Maintenant, l’examen final approche et la charge de travail augmente.

« La vie quotidienne à la ferme suit une structure claire, tout en étant variée. »

Tina Seitz, apprentie en économie familiale

Découvrir une autre culture

En plus de la langue, Tina a ressenti des différences culturelles à d’autres niveaux. « Les gens sont plus tranquilles », juge-telle. Elle s’est rapidement intégrée dans sa famille d’accueil et s’entend particulièrement bien avec l’apprentie, qui a deux ans de plus qu’elle. A l’école aussi, elle s’est rapidement fait des amies et les élèves forment une équipe soudée. L’église organise même une rencontre régulière le mercredi, avec raclette et jeux.

Un moment fort qu’elle n’oubliera jamais : quand elle a pu monter sur le tracteur pour le hachage du maïs. Ce sont des expériences de ce genre qui rendent son année particulière. « Je suis devenue plus indépendante et j’ai davantage confiance en moi », résume-t-elle. Même si son avenir professionnel est déjà tracé, son année d’économie familiale l’a durablement marquée. En automne, Tina commencera un apprentissage d’assistante médicale à Lausen (BL).

Sauter le pas !

Tina est maintenant beaucoup plus à l’aise en français et espère pouvoir continuer à l’utiliser. Les six ans d’études de cette langue à l’école lui ont donné de bonnes bases. Quels conseils Tina donnerait-elle aux jeunes qui voudraient faire comme elle ? « Allez-y, même si ça fait un peu peur ! Faites des stages d’essai dans différentes fermes, car l’entente avec la famille est très importante. » Et oui : elle le referait sans hésiter. Elle se réjouit déjà de revenir rendre visite à sa famille d’accueil. Pour l’année prochaine, Veronika et sa famille ont déjà une nouvelle recrue. 

Organisations de placement pour faire une année ou un stage d’économie familiale dans une ferme

Ortra intendance vaud 
Organisation professionnelle du canton de Vaud pour les domaines de l’économie familiale et de l’intendance (non spécifique à l’agriculture)
https://formation-intendance.ch/

Agriviva 
Propose des stages pour les jeunes de 14 à 24 ans dans des fermes de toutes les régions de Suisse. Les stages durent entre 1 et 8 semaines et offrent la possibilité d’aider dans différents domaines comme le ménage, le jardin, l’étable ou les champs. 
https://www.agriviva.ch/fr/

agriPrakti de l’Union des paysannes et paysans de Lucerne 
agriPrakti est une offre privée de l’Union des paysannes et paysans de Lucerne destinée aux jeunes ayant terminé leur scolarité obligatoire. Le stage dure un an.
(en allemand seulement) www.agriprakti.ch

Année de formation en intendance des paysannes bernoises 
La formation en intendance est une année intermédiaire privée destinée aux jeunes qui, après la scolarité obligatoire, souhaitent mettre à profit le temps qui leur reste avant d’entamer un apprentissage.
(en allemand seulement) https ://bildungsjahr-hauswirtschaft.ch

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