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Production animale

Comment tarit-on les vaches en Suisse ?

Des performances laitières élevées avant le tarissement augmentent le risque de mammites pendant la phase tarie. Un sondage en ligne réalisé auprès des éleveurs·euses de vaches laitières montre quelles méthodes de tarissement ils appliquent actuellement et leur avis concernant la méthode de la traite partielle en vue de réduire la production laitière.

Il n’est pas rare que les vaches aient encore une production laitière élevée en fin de lactation. La méthode de la traite partielle a tout son sens avec...

Il n’est pas rare que les vaches aient encore une production laitière élevée en fin de lactation. La méthode de la traite partielle a tout son sens avec ces animaux. 

(Photo: iStock)

Publié le

Vétérinaire diplomée, Agroscope

Les vaches peuvent être taries soit de façon abrupte, soit de manière progressive. La méthode « progressive » a pour but de faire baisser la production laitière avant le tarissement. Cette méthode réduit le risque de mammite pendant la phase de tarissement, tout en permettant de diminuer et de mieux cibler l’utilisation de tarisseurs antibiotiques (tarissement sélectif). Les méthodes habituelles en vue de réduire la production laitière avant le tarissement consistent à renoncer à une ou plusieurs traites et à distribuer des fourrages ayant une valeur nutritive inférieure. Ces méthodes comportent toutefois aussi des risques tels qu’une mauvaise fermeture du canal du trayon, l’absence de vidange de la mamelle par la traite et un niveau de stress accru.

Une solution alternative pour faire chuter la production laitière avant le tarissement consiste à vider la mamelle seulement partiellement sur une période de quatre à dix jours. Au cours de cette période, on diminue progressivement le niveau de traite de la mamelle en retirant l’agrégat de traite plus tôt après avoir trait une quantité de lait prédéfinie. Une étude récente réalisée au Campus Frankenforst de l’Université de Bonn, en Allemagne, a appliqué cette méthode en recourant à un logiciel installé en salle de traite. Dès que la quantité de lait individuelle et prédéfinie a été traite, l’agrégat est retiré automatiquement. La traite partielle (ou traite ajustée) avant le tarissement a réduit la production laitière de 35 % en moyenne. Mis à part cela, la traite partielle n’a pas entraîné une augmentation du nombre de cellules et n’a pas provoqué de mammites. Les analyses à l’ultrason laissent par ailleurs supposer que la réduction du temps de traite est moins stressante pour les trayons.

Dans le cadre d’un sondage en ligne, les éleveurs·euses ont été interrogés sur leurs méthodes de tarissement et sur ce qu’ils pensaient de la traite partielle.

Méthodes de tarissement actuelles

Dans les exploitations ayant participé au sondage, la durée moyenne de la période de tarissement était de 57 jours. Selon le sondage, le moment du tarissement dépend surtout de la date de vêlage prévue. Le niveau de production laitière et la santé de la mamelle jouent aussi un rôle. Les résultats montrent que dans les exploitations analysées, 35 % des vaches produisent encore plus de 15 kilos de lait par jour lorsqu’elles sont taries.

Au total, 55 % des personnes interrogées ont affirmé tarir leurs vaches de façon progressive (graphique 1). A cette fin, les éleveurs·euses optent majoritairement pour un changement d’affouragement et une réduction du temps de traite. Près de 74 % des participant·es au sondage ont aussi affirmé utiliser des antibiotiques de manière sélective pour tarir leurs vaches (graphique 2). Il en est aussi ressorti que les tarisseurs antibiotiques et les obturateurs de trayons sont utilisés fréquemment voire même systématiquement pour le tarissement, soit par 44 % des personnes sondées pour les premiers et par 43 % pour les seconds. Les vaches laitières à haute productivité sont généralement plus souvent taries à l’aide de tarisseurs antibiotiques que les vaches ayant un niveau de production laitière inférieur. Près d’un quart des éleveurs·euses interrrogés ont affirmé que leurs vaches perdaient du lait après avoir été taries, ce qui engendre un risque accru de nouvelles mammites. De plus, les éleveurs·euses ayant participé au sondage ont observé que leurs vaches se sentaient moins bien, ce qui se manifeste par exemple, au moment du tarissement, par une tendance à meugler davantage, un appétit réduit ou une diminution du temps de repos.

Avis concernant la traite partielle

Les participant·es ont aussi été priés d’expliquer spontanément ce qu’ils pensaient de la traite partielle avant le tarissement. Environ 6 % des personnes interrogées ont affirmé connaître ou appliquer cette méthode. Des réponses comme « intéressant » ou « une méthode à tester » ont aussi été données. Certains doutes en ce qui concerne la santé de la mamelle, l’application dans la pratique et la livraison du lait concerné ont aussi été exprimés. S’agissant des livraisons du lait, il convient de rappeler que la loi n’impose plus de livrer « la totalité de la traite ».

Globalement, 57 % des sondé·es ont affirmé être prêts à tester la traite partielle. Ce chiffre passerait à 69 % si cette méthode peut être appliquée automatiquement en salle de traite ou au robot. Les sondé·es ont estimé que la santé de la mamelle, la qualité du lait, le bien-être des animaux, une consommation réduite d’antibiotiques et une mise en œuvre simple sont les critères les plus importants pour appliquer cette méthode.

A qui convient cette méthode ?

La traite partielle en vue de faire baisser la production laitière est surtout une bonne méthode en cas de production laitière élevée supérieure à 15 kilos par jour en fin de lactation. Elle permet de diminuer le risque de nouvelles mammites et d’éviter des atteintes au bien-être animal.

La traite partielle implique d’être équipé de compteurs à lait. Cet équipement sert à définir le moment auquel l’agrégat de traite doit être décroché. La griffe à traire est retirée après qu’une quantité de lait définie a été traite et non en fonction du débit du lait.

Actuellement, l’application de cette méthode implique de décrocher l’agrégat manuellement. La recherche et les fabricants développent des solutions afin qu’un logiciel puisse être installé en salle de traite et sur les robots de traite pour faire baisser automatiquement la production laitière en pratiquant la traite partielle.

D’ici là, il faudra que de nouvelles études soient réalisées pour évaluer les effets de la traite partielle. Jusqu’à maintenant, cette méthode a uniquement été testée dans des fermes de recherche et des troupeaux bénéficiant d’une bonne santé de la mamelle. Dans les premiers essais réalisés, la production laitière a pu être réduite avec succès sans pour autant prétériter la santé de la mamelle. Cette méthode paraît donc prometteuse: elle pourrait contribuer à réduire la consommation des antibiotiques utilisés dans le cadre du tarissement, tout en favorisant le bien-être des animaux. 

Travail de recherche

Le sondage en ligne organisé au printemps 2021 par Agroscope avait pour but de déterminer les méthodes utilisées par les éleveurs·euses de vaches laitières dans le cadre du tarissement et de connaître leur avis sur la traite partielle. 518 éleveurs·euses ont participé de manière anonyme à ce sondage.

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