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Production animale

Un ensilage de maïs fait le tour du monde

Produisant des brins d’une longueur allant jusqu’à 30 mm, de nouveaux éclateurs permettent un meilleur broyage des grains de maïs et un conditionnement approfondi des tiges. Il en résulte un ensilage de maïs présentant une fibrosité plus élevée et une meilleure digestibilité: le shredlage. Existe-t-il également un potentiel en Suisse?

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Stagiaire marketing UFA

chef du ressort bovins, service technique UFA

En raison de ses propriétés, le maïs est une source d’énergie très appréciée dans les rations fourragères. Il s’agit non seulement d’un fourrage de base bon marché et très productif, mais également d’un aliment polyvalent et très appétible. A cause de sa densité énergétique élevée, le maïs est une des principales sources d’amidon dans la ration des vaches laitières. En raison de capacités d’absoption limitées, il est difficile de garantir un approvisionnement en énergie conforme au niveau de production, même dans le cadre d’une complémentation avec des concentrés. Dans l’engraissement du gros bétail, l’ensilage de maïs est le principal fourrage de base. Pour obtenir de belles carcasses et un bon degré de finition, il est recommandé de distribuer une ration composée d’au moins 70% (MS) de maïs.

Toutefois, plus le pourcentage de maïs est important, plus la fibrosité de la ration baisse, alors qu’elle est indispensable à l’alimentation correcte des ruminants. La nouvelle technique de conditionnement du maïs est censée corriger cette corrélation négative et augmenter encore la productivité des animaux. Le shredlage était donc le sujet de la journée du maïs de cette année, organisée au Sämereienzentrum de Niderfeld. Les opportunités et les risques découlant de l’utilisation de ce fourrage y ont été abordés sous différents aspects.

Le beurre et l’argent du beurre

Le premier prototype d’un nouveau genre d’éclateurs a été développé en 2008 par les Américains Ross Dale et Roger Olsen. Leur technologie permet un conditionnement approfondi de la récolte, même avec des brins de 26 à 30 mm. Les cylindres permettent quasiment de pulvériser les grains et de défibrer le reste de la plante en profondeur. Les tiges sont en effet aussi déchiquetées dans la longueur et leur écorce est pelée par la structure spécifique des cylindres. Les inventeurs de ce procédé, tous deux conseillers en alimentation, souhaitaient augmenter la fibrosité de l’ensilage de maïs. Pour les agriculteurs américains, la teneur en fibres est un élément crucial sachant que les rations qu’ils distributent affichent un part de maïs atteignant jusqu’à 80% de la MS totale. En 2015, le constructeur Claas a acquis la licence pour produire et distribuer les processeurs MCC Shredlage. Les concepteurs et le distributeur annoncent une augmentation de la disponibilité de l’amidon et, par conséquent, une meilleure productivité, ainsi qu’une meilleure digestibilité des fibres et une plus forte fibrosité de l’ensilage, ce qui se traduit par une meilleure santé animale.

La recherche du bon hachage

Selon ses inventeurs, la teneur optimale en matière sèche (MS) du shredlage au moment de la récolte est de 30 à 35%. Ce taux d’humidité est nécessaire pour obtenir un défibrage complet de la plante et atteindre la compacité nécessaire dans les silos. L’obtention d’un conditionnement optimal du maïs associé à des teneurs en MS plus élevées implique par contre de réduire la longueur des brins. La conservation du shredlage est souvent décrite comme le point faible de la technique, la structure plus grossière rendant le compactage plus difficile. Markus Fries (chef de vente régional, Serco Landtechnik) n’est pas de cet avis: «Si les règles de l’ensilage sont respectées, il n’y a pas de problème.»

Les expériences réalisées jusqu’ici dans la pratique en Suisse indiquent cependant que la reprise du fourrage au moyen d’une fraiseuse dans les si-los-tours (en haut et en bas) peut poser problème. Plus les brins sont longs et plus l’ensilage est sec, plus la fraiseuse a du mal à reprendre l’ensilage. En outre, il a été démontré qu’au moment de l’ensilage, le shredlage nécessite entre 7 et 8% de volume supplémentaire, mais qu’il s’affaisse aussi plus fortement. Les entrepreneurs en travaux agricoles doivent s’équiper spécialement pour cette nouvelle technique de conditionnement. Il faut par ailleurs s’attendre à une augmentation de la consommation de carburant et de l’usure des cylindres éclateurs, ajoute Markus Fries. L’un dans l’autre, l’agriculteur devra débourser entre 70 et 80 francs de plus par hectare.

Utile ou inutile?

Le procédé shredlage est surtout intéressant lorsque la structure de la ration n’est plus adaptée aux ruminants ou que des éléments de structure pauvres en énergie peuvent être remplacés par de l’ensilage de maïs à haute teneur en énergie. Ignaz Hutter (chef du secteur bovins laitiers UFA, BD Wil) estime que l’on peut raisonnablement estimer que le shredlage n’est pas une abération d’un point de vue nutritionnel et que son intérêt est uniquement une question de rapport coût/utilité. Les expériences réalisées jusqu’ici n’ont pas permis de constater d’effets négatifs, mais des effets nuls ou positifs. S’agissant du choix variétal, Friedbert Horstmann (expert technique maïs, Syngenta Agro SA) explique que plus le grain est dur et moins le reste de la plante est digestible, plus le shredlage s’avère être un procédé intéressant. Les coûts supplémentaires se justifient surtout pour le maïs corné et les variétés dont la partie résiduelle de la plante affiche une digestibilité moyenne. Friedbert Horstmann souligne que ce hachage ne peut influer la structure et la qualité intrinsèque du maïs, mais qu’il crée des conditions optimales pour la dégradation bactérienne.

Divers essais réalisés dans la pratique aux Etats-Unis et en Allemagne ont livré leurs premiers résultats, qui divergent plus ou moins. Alors que la plupart des essais américains ont montré un impact positif sur la productivité laitière et la composition du lait, aucun changement significatif n’a été constaté en Allemagne. Les résultats d’une étude allemande font état d’une augmentation de la consommation de fourrage et d’une meilleure condition physique des vaches après le vêlage. Aucun essai américain n’est arrivé à de telles conclusions. Les résultats individuels enregistrés au niveau des exploitations laissent des questions ouvertes s’agissant de la transposition de cette technique en Suisse. Contrairement aux producteurs suisses, les agriculteurs américains ne distribuent pratiquement pas d’herbe à leurs vaches, la paille étant la principale source de fibres. En outre, le pourcentage de maïs (MS) s’élevait à 50% ou plus dans toutes les rations, ce qui n’est qu’exceptionnellement le cas en Suisse.

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Les rouleaux patentés MCC Shredlage fonctionnent avec un différentiel de vitesse de 50%. Ces rouleaux à profil en dents de scie et rainurés permettent de conditionner le fourrage récolté de manière optimale dans le sens de la longeur et de la largeur.

Conclusion

Le shredlage peut avoir un effet potentiellement positif sur la valorisation énergétique, la digestibilité et la fibrosité de la ration. Comme son impact s’accroît avec l’augmentation du pourcentage de maïs dans la ration, son utilisation est particulièrement indiquée dans les rations à forte teneur en maïs, pour les bovins à l’engrais et les vaches à haute productivité. Les propriétés de conservation du shredlage doivent encore être étudiées. La prudence est de mise dans les exploitations confrontées à des problèmes de compactage et déssilant quotidiennement des quantités restreintes. Les essais pratiques réalisés jusqu’ici ayant fournit des résultats très divergents d’une exploitation à l’autre, il faut attendre que les effets positifs du shredlage soient confirmés par les essais pratiques réalisés en Suisse. 

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