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Production végétale

A la recherche de moyens de lutte

Le feu bactérien est une maladie difficile à combattre et très infectieuse qui occasionne de gros dégâts. La recherche explore différentes pistes au niveau de la lutte directe et indirecte, notamment le recours à des virus et à des bactéries. De nouvelles méthodes sont à l’étude.

Simone Schütz explique la sélection Fast Track de variétés de pommes résisantes au feu bactérien. 

Simone Schütz explique la sélection Fast Track de variétés de pommes résisantes au feu bactérien. 

(Photo : Verena Säle)

Publié le

Actualisé le

Collaboratrice scientifique, groupe de recherche extension cultures maraîchères, Agroscope

Le feu bactérien est une maladie bactérienne hautement infectieuse, qui peut provoquer des pertes de rendements considérables dans les vergers de fruits à pépins. La lutte contre cette maladie et son agent pathogène Erwinia amylovora est difficile. Diverses nouvelles stratégies de lutte ont été exposées lors de la conférence nationale sur le feu bactérien qui s’est tenue en novembre 2018 à Agroscope Wädenswil. Certaines méthodes se trouvent en phase de test en laboratoire et ne sont pas encore utilisables dans la pratique. La lutte est complexe et, comme l’a relevé Alain Gaume, d’Agroscope : « différents outils sont nécessaires afin de disposer d’une solution intégrée contre le feu bactérien ». La recherche y travaille d’ar-rache-pied.

Stratégies de protection des plantes

Le centre des fruits à noyau de Breitenhof, à Wintersingen ( BL ), comprend une parcelle d’essai sur laquelle des tests sur le feu bactérien sont effectués dans des conditions proches de la pratique. Les essais s’accompagnent de normes de biosécurité sévères. La parcelle est ainsi entièrement recouverte de filets et n’est accessible que par un sas. Les tests portent principalement sur la sensibilité variétale et les stratégies d’application de produits phytosanitaires. Anita Schöneberg et Vanessa Reininger, collaboratrices scientifiques à Agroscope, ont testé l’efficacité de deux produits : LMA et Blossom Protect. Le LMA contient du sulfate de potassium-aluminium, le Blossom Protect se compose de levure et est autorisé en agriculture biologique. Tous deux ont été appliqués sur des pommes Gala Galaxy et Ladina et ont eu globalement la même efficacité. La comparaison des deux variétés de pommes a confirmé que Ladina est une variété robuste ; elle a été moins touchée par le feu bactérien que Gala Galaxy. De plus, les deux produits phytosanitaires ont présenté une efficacité supérieure sur Ladina que sur Gala Galaxy. Selon Agroscope, c’est en combinant la culture de variétés robustes et une stratégie phytosanitaire adéquate que l’on peut le mieux combattre le feu bactérien.

Modification du cadre juridique

L’Office fédéral de l’agriculture ( OFAG ) a fait analyser l’efficacité des mesures officielles de lutte contre le feu bactérien par une société externe. L’analyse couvrait les années 2000 à 2014. Le rapport est disponible sur le site de l’OFAG. L’évaluation a montré que les mesures prévues par la directive no 3 de l’OFAG conviennent en principe pour créer des conditions appropriées à une production durable d’arbres fruitiers à pépins et de fruits à pépins. L’évaluation a également montré que les nombreuses années d’expérience dans la lutte contre le feu bactérien permettent d’établir des recommandations sur la manière de gérer l’agent pathogène à l’avenir. Une plateforme d’échange est nécessaire pour optimiser les mesures existantes. La recherche doit quant à elle poursuivre ses efforts. En outre, l’agent pathogène du feu bactérien ne doit plus être classé comme organisme de quarantaine dans la nouvelle loi sur la santé des végétaux à partir de 2020. Il continue d’être considéré comme un organisme nuisible particulièrement dangereux mais sera désormais uniquement réglementé en ce qui concerne les plants certifiés. En raison de la dissémination de l’agent pathogène bactérien dans le pays, le feu bactérien ne répond plus aux critères de réglementation en tant qu’organisme de quarantaine. L’annonce et la lutte contre le feu bactérien ne seront dès lors plus obligatoires dès 2020. Le Valais fait exception : il peut conserver son statut de zone protégée. Afin d’éviter un changement trop brutal en 2020, un groupe de travail étudie actuellement différents scénarios pour un changement progressif de la réglementation relative à cet agent pathogène. D’éventuelles dispositions transitoires sont actuellement à l’étude et évaluées.

Carole Enz, Agroscope

Modèle de prévision Maryblyt

Le modèle de prévision Maryblyt calcule, pour différentes régions de Suisse, le risque d’infection par le feu bactérien durant la période de floraison sur la base de la température et de l’humidité. Dans ses essais, Vanessa Reininger a évalué dans quelle mesure les prévisions du modèle correspondent aux attaques réels de feu bactérien. Pour cela, le nombre de cellules de la bactérie pathogène Erwinia amylovora a été déterminé dans les fleurs de pommier, puis comparé au potentiel d’infection calculé par le modèle. Il s’est avéré que lorsque la densité de cellules était élevée, la prolifération cellulaire ne coïncidait pas toujours avec le modèle. Il faut toutefois relever que, dans la pratique, la densité de cellules est généralement plus faible que dans les parcelles expérimentales, où la pression d’infection est maintenue artificiellement à un niveau élevé. Une telle situation ne devrait pas survenir dans la pratique. Vanessa Reininger recommande toutefois de garder un œil sur une éventuelle attaque même lorsque le potentiel d’infection est évalué comme faible.

Variétés robustes

Avec son équipe, Martin Kellerhals d’Agroscope développe des variétés de pommes résistantes au feu bactérien. Des gènes de résistance provenant de pommes sauvages et de variétés robustes sont introduits par sélection classique dans de nouvelles variétés de pommes. La résistance au feu bactérien de ces variétés potentielles est testée aussi bien sous serre qu’en plein air. La méthode Fast Track a été testée afin de développer plus rapidement de nouvelles variétés de pommes. Avec cette méthode, des conditions hivernales sont simulées sous serre. Il est ainsi possible d’accélérer le cycle des générations et de tester plus rapidement la résistance au feu bactérien de nouveaux croisements.

A Agroscope, Andrea Patocchi travaille aussi dans le domaine des variétés robustes au feu bactérien. Il teste notamment des nouvelles technologies de sélection et analyse les avantages et les risques des nouvelles variétés à l’aide de la cisgénétique. L’Office fédéral de l’agriculture a autorisé un essai en plein champ sur le « protected site », un site d’essai protégé, pour étudier une lignée de Gala cisgénique résistante au feu bactérien.

Lutter avec des bactéries…

Cosima Pelludat étudie l’efficacité d’antagonistes bactériens. La chercheuse a prélevé pour cela des échantillons de pommiers sur le site de Wädenswil et a analysé quels mi-cro-organismes se trouvent dans les fleurs de pommier. Il s’est avéré que seul un petit nombre d’espèces dominait, comme Erwinia tasmaniensis. Cette bactérie est apparentée à Erwinia amylovora, responsable du feu bactérien, mais elle ne provoque pas cette maladie. L’objectif consiste à trouver un antagoniste indigène qui occupe la fleur afin de prendre la place de l’agent pathogène du feu bactérien.

…ou des virus

La Haute école zurichoise des sciences appliquées ( ZHAW ) suit aussi une nouvelle approche dans la lutte contre le feu bactérien. On y étudie la possibilité d’utiliser des virus. Certains de ces bactériophages attaquent la bactérie responsable du feu bactérien et la neutralisent. Les bactériophages n’ont aucun effet nocif sur l’environnement, ils sont capables d’autoreproduction et d’autolimitation, ce qui signifie qu’ils disparaissent une fois toutes les bactéries du feu bactérien disparues, explique la chercheuse Leandra Knecht. Les bactériophages sont spécifiques à un hôte. Il est donc possible de les utiliser de manière ciblée contre Erwinia amylovora, comme le montrent les bons résultats obtenus en laboratoire. La ZHAW teste un cocktail de différents bactériophages pour obtenir une efficacité optimale. Des travaux de recherche supplémentaires sont encore nécessaire afin d’évaluer l’utilité des bactériophages dans la pratique. Ces organismes peuvent aussi servir de test de détection pour le feu bactérien. Les recherches suivent leur cours. 

Projet intégré « Ensemble contre le feu bactérien »

Le projet « Ensemble contre le feu bactérien » a été réalisé entre 2014 et 2018 sous la responsabilité d’Agroscope, de la Fruit-Union Suisse ( FUS ) et de l’Office fédéral de l’agriculture ( OFAG ). L’objectif était de rechercher et de développer, avec tous les acteurs de la filière des fruits à pépins, des mesures directes et indirectes pour gérer efficacement le feu bactérien. Le rapport final du projet est disponible sur  www.feubacterien.ch 

Le présent article est basé sur les résultats présentés le 2 novembre lors de la deuxième conférence nationale sur le feu bactérien à Agroscope Wädenswil.

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