Comment jugez-vous la situation actuelle de la technique de pulvérisation en grandes cultures en Suisse ?
Je qualifierais le bilan en technique de pulvérisation sur les dix dernières années en Suisse comme bon, voire très bon, en comparaison avec d’autres pays voisins. Plusieurs raisons permettent ce bon résultat : le contrôle obligatoire des pulvérisateurs d’une part et le renouvellement régulier du parc de machines d’autre part, qui assurent un fonctionnement correct des appareils employés par les agriculteurs et agricultrices. De plus, une grande partie des nouveaux pulvérisateurs sont équipés de systèmes électroniques pour le guidage ou la précision d’application.
Quels avantages la digitalisation apporte-t-elle à la technique d’application ?
Les nouvelles technologies comme le guidage GPS, la coupure de tronçons, la gestion individuelle des buses ou encore la reconnaissance des plantes à l’aide de caméras, permettent un placement du produit très précis. Dans la lutte contre les adventices, les nouvelles technologies, entre autres la digitalisation, entraînent une réduction de la quantité de produit nécessaire. Malheureusement, ce n’est pas le cas dans la lutte contre les maladies et les ravageurs. C’est pourquoi il est plus facile de réduire la quantité d’herbicides utilisés que celle de fongicides et d’insecticides. Cependant, la technologie ne peut pas compenser l’absence des produits qui ne sont désormais plus autorisés. Cela explique en partie les difficultés rencontrées dans l’itinéraire technique des cultures spéciales comme les betteraves, les pommes de terre ou les légumes.
« En technique de pulvérisation, une tendance croissante vers des technologies s’appuyant sur plus d’électronique se dessine. »
Quelles sont les techniques d’applications qui selon vous vont prendre de l’importance et pourquoi ?
Une tendance croissante vers des technologies s’appuyant principalement sur l’électronique se dessine. De nombreuses solutions existent ou doivent encore être perfectionnées, comme la pulvérisation par pulsation. Cependant, ces systèmes nécessitent également des produits efficaces pour atteindre le taux d’auto-approvisionnement souhaité. Concernant les pulvérisateurs plus « conventionnels », l’obligation des systèmes de rinçage de cuves depuis la cabine du tracteur ou la sensibilisation des agriculteurs et agricultrices à employer la buse adaptée contribuent déjà efficacement à une application correcte des produits phytosanitaires.
Entretien : Jean-Pierre Burri
