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Vie quotidienne

L’agrotourisme, une alternative envisageable ?

Certaines exploitations agricoles génèrent 30 % de leur revenu grâce à l’agrotourisme. Les familles possédant une jolie ferme située dans un lieu idyllique se demandent alors parfois si l’agrotourisme ne serait pas branche d’exploitation idéale.

La motivation principale des familles avec enfants : rencontrer les animaux de la ferme et pouvoir les toucher.

La motivation principale des familles avec enfants : rencontrer les animaux de la ferme et pouvoir les toucher.

(màd)

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Actualisé le

Journaliste agricole

Le terme prend tout son sens lorsque l’agrotourisme est envisagé ou pratiqué pour la raison suivante : « Nous aimons accueillir des gens » et non « Une telle activité pourrait générer le revenu supplémentaire dont nous avons besoin ». Il faut en effet s’attendre à ce que les futurs hôtes aient des profils très différents : il y a ceux qui recherchent le calme absolu dans la nature, les familles qui veulent voir de très près des animaux, mais aussi les touristes venus du monde entier pour faire l’expérience d’un « swissness » authentique. De nombreuses exploitations agricoles proposent exactement ce genre de prestations. Mais il est essentiel que les familles agricoles concernées aiment recevoir des hôtes. Il s’agit d’être sympathique, cordial, naturel et authentique.

Depuis que le site internet d’Agritourisme Suisse est en ligne à l’adresse www.myfarm.ch, l’offre touristique peut être facilement consultée en ligne.

Nombreux types d’agrotourisme

D’une manière générale, l’agrotourisme couvre un large éventail de prestations, allant de la collation paysanne à l’organisation d’événements festifs comme les mariages à la ferme, en passant par les buvettes. Les prestations s’étendent aussi au secteur du bien-être, avec des tours en vélo et des bains de foin. Les trajets en calèche et les trekkings à cheval sont aussi considérés comme des activités agrotouristiques.

Obstacles légaux

Le premier obstacle à surmonter est le suivant : en Suisse, toute activité annexe doit tout d’abord être autorisée en tant qu’activité commerciale et être enregistrée comme telle (activité indépendante auprès de l’AVS, autorisation d’exploiter pour l’hébergement et la restauration). Les obstacles sont plus ou moins conséquents selon les cantons. Quoiqu’il en soit, l’hébergement d’hôtes dans des bâtiments agricoles implique un permis de construire communal et / ou cantonal ainsi qu’une demande d’autorisation de protection contre l’incendie.

Du point de vue de l’aménagement du territoire, l’agrotourisme est « une activité annexe non agricole disposant d’un lien factuel avec cette dernière ». En zone agricole, ces activités annexes sont considérées comme non conforme à la zone et impliquent une dérogation. L’octroi d’une telle dérogation suppose que l’on soit en présence d’une entreprise agricole au sens de la LDFR. Les parcelles situées hors de la zone à bâtir et dont la surface excède 25 ares (2500 m 2 ) sont automatiquement soumises à la loi sur le droit foncier rural (LDFR).

L’activité annexe non agricole doit être exercée dans le périmètre de la ferme et l’activité agricole rester prioritaire. Le couple d’exploitants doit par ailleurs accomplir lui-même plus de 50 % des travaux liés à l’agrotourisme. La personne concernée doit prouver qu’elle a suivi une formation, à l’image de ce qui est le cas dans les entreprises commerciales situées en zone à bâtir (cours de cafetier, en particulier pour le débit de boissons spiritueuses).

Infrastructures nécessaires

La réalisation d’un projet agrotouristique implique parfois d’augmenter des surfaces de bâtiment inutilisées par l’agriculture, voire d’en construire de nouvelles. La surface construite à cet effet ne peut toutefois pas excéder 100 m 2 . En plus des lits ou de l’aménagement de l’« aventure sur la paille », une infrastructure comprenant des toilettes, des salles d’eau et un réfectoire sont requis. Les aspects liés à l’ordonnance sur les denrées alimentaires et l’hygiène doivent aussi être respectés. Dans le réfectoire, seule une kitchenette est autorisée mais pas une cuisine complète. L’activité agrotouristique ne doit pas servir de couverture à la création d’un appartement supplémentaire pour des tiers.

Bien que la structure du bâtiment agricole utilisé à des fins agrotouristiques subsiste – l’espace à disposition étant simplement affecté à une nouvelle fonction –, en venant à la ferme, les hôtes s’attendent à avoir de l’espace et à bénéficier de prestations de qualité. Des douches sales ou des chambres équipées de meubles vétustes sont à proscrire, tout comme les matelas ou les couvertures qui ont fait leur temps. Cela ne signifie pas pour autant que tout doit être ultra-moderne.

L’hospitalité joue un rôle important. « Les hôtes reviennent quand ils ont apprécié l’ambiance de la ferme, et ce même si les équipements ne sont pas des plus récents », indique un sondage réalisé par la Haute école de Lucerne auprès de personnes ayant passé des vacances à la ferme. Cette étude montre aussi que pour près de la moitié des « vacanciers à la ferme » de Suisse centrale, l’accueil est l’élément le plus important. L’approche respectueuse de la nature et des animaux est un autre élément relevé. Les enfants, en particulier, aiment les vacances à la ferme pour les contacts noués avec les animaux.

Les exploitations agricoles proposant des vacances à ferme peuvent aussi se démarquer en proposant un petit déjeuner fait maison. L’hébergement dans une chambre bien aménagée et dotée de lits confortables est également très apprécié. Les familles privilégient les exploitations agricoles disposant d’une place de jeu, certaines s’attendant même à pouvoir faire des achats dans un magasin à la ferme. Les discussions avec les agricultrices et les agriculteurs, le fait de pouvoir s’asseoir à leur table, voire de travailler à la ferme, sont appréciés. La qualité de l’accueil aide à compenser les éventuels problèmes d’infrastructure. Il faut néanmoins être conscient que les hôtes ont des attentes élevées et s’attendent par exemple à l’internet gratuit.

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Hansueli Schaub, responsable technique de l’aménagement du territoire chez Agriexpert, l’organisme de l’USP, estime que l’agrotourisme recèle des opportunités. « Aimer recevoir des gens chez soi est une condition sine qua non. A cela s’ajoutent un emplacement attrayant, un certain confort, voire un petit plus qui répond au besoin d’aventure des hôtes, comme par exemple des tipis, des yourtes, etc. », explique Hansueli Schaub.

Qu’est ce qui est vraiment réalisable ? Quel est le revenu que l’on peut tirer d’une telle activité et quand ? Un conseiller externe est à même de répondre à ces questions.

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Le « Swissness » authentique est très apprécié.

(myfarm.ch)

Analyser les possibilités

Le centre de compétences Agriexpert, à Brugg, fournit des conseils en économie d’entreprise pour les activités agrotouristiques, seconde les personnes intéressées dans les démarches liées au permis de construire et dispense des conseils comptables. En effet, il y a lieu d’étudier préalablement et de manière réaliste tous les points importants, d’évaluer les investissements, de veiller à une durée d’amortissement raisonnable et d’estimer la charge de travail. Les questions d’assurance doivent aussi être prises en considération. Tous ces points à éclaircir feront partie du « business plan », qui est un élément incontournable pour l’octroi d’un permis de construire et d’un éventuel crédit d’investissement.

Le revenu que l’on souhaite tirer du second pilier d’exploitation qu’est l’agrotourisme varie selon les cas. Certains se contenteront d’un salaire horaire de 20 francs alors que d’autres s’attendent à plus du double. 

L’agrotourisme en Suisse et en chiffres

« L’agrotourisme est une tendance bien antérieure à la vague Greta » affirme Andreas Allenspach, le directeur de l’organisation de marketing Agritourisme Suisse. « Les Suisses (62 %) et les Allemands (26 %) sont nombreux à passer des vacances à la ferme. Ils apprécient la tranquillité, la nature préservée, les contacts sociaux avec les agriculteurs, les spécialités locales et l’accueil naturel. Le lien direct avec les animaux ou la possibilité de travailler à la ferme sont d’autres sources de motivation évoquées.

En 2019, on a enregistré 171 000 nuitées à la ferme. Le chiffre d’affaires réalisé dans le secteur des nuitées s’est chiffré à près de 5 millions de francs ». Toutes les formes d’hébergement peuvent être réservées sur internet grâce au site www.myfarm.ch, qui compte 290 000 visiteurs, ainsi qu’aux sites de réservation www.e-domicile.ch et www.gruppenhaus.ch 

En Suisse, quelque 2000 agricultrices et agriculteurs proposent des vacances à la ferme. Les prestations d’Agritourisme suisse sont utilisées par 230 prestataires versant une cotisation de membre de 400 francs.

Les personnes intéressées peuvent s’annoncer à : Agritourisme Suisse, 3007 Berne, Tél. 031 359 50 30, info@myfarm.ch

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