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Production animale

Lutte contre la maladie de Mortellaro : à quoi faut-il veiller ?

En dépit de recherches intensives, on ne dispose aujourd’hui toujours pas d’un vaccin permettant de protéger les bovins contre la maladie de Mortellaro. Les différentes approches de lutte revêtent dès lors une importance particulière.

Une mauvaise hygiène des sols entraîne une souillure des pieds et donc un risque accru de dermatite digitale.

Une mauvaise hygiène des sols entraîne une souillure des pieds et donc un risque accru de dermatite digitale.

(Photo: Faculté Vetsuisse, Université de Berne)

Publié le

Doctorant, Clinique des ruminants, Université de Berne

Doctorant, Clinique des ruminants, Université de Berne

 

Aussi appelée « dermatite digitale », la maladie de Mortellaro est l’une des affections des onglons les plus fréquentes du bétail laitier suisse. Selon le stade d’évolution de la maladie, les animaux souffrent d’altérations de la peau occasionnant des douleurs aiguës, ce qui entrave leur bienêtre et entraîne des pertes économiques considérables. L’apparition des symptômes résulte de la conjonction de différents facteurs. Des bactéries hélicoïdales, très contagieuses et se transmettant facilement d’un animal à un autre, jouent un rôle central dans ce processus.

Incidence de l’alpage

Il a été démontré que la dermatite digitale est moins fréquente dans les exploitations qui estivent leurs animaux que dans celles qui ne le font pas. En effet, le contact plus faible avec le fumier et les congénères limite le risque de contagion. Il faut toutefois relever que les alpages communautaires présentent un risque accru de transmission de la maladie, car ils permettent aux bactéries de s’introduire dans des exploitations pas encore contaminées. Un contrôle des animaux dans le congrain au retour de l’alpage est donc vivement recommandé.

Risques accrus en cas d’achats d’animaux

Plusieurs études ont montré que le risque d’apparition de la maladie de Mortellaro augmentait avec chaque animal acheté. Il est donc important d’examiner les animaux nouvellement acquis dans le congrain avant de les intégrer au troupeau, afin de détecter d’éventuelles lésions et, si nécessaire, de les traiter. Cet impératif doit aussi être respecté s’agissant des génisses de retour d’une exploitation d’élevage.

Impact du type de stabulation

Les animaux détenus en stabulation libre contractent plus souvent la maladie que ceux détenus à l’attache. Dans les étables entravées, les pieds sont en effet généralement plus propres et plus secs, ce qui réduit la contamination par les germes présents dans le fumier. De plus, il y a moins de voies de croisement et les vaches entrent moins souvent en contact les unes avec les autres. On a par ailleurs aussi constaté que l’affection est plus fréquente dans les stabulations au sol bétonné que dans celles avec caillebotis, où le fumier a moins tendance à s’accumuler.

Le risque d’apparition de la maladie de Mortellaro augmente avec chaque animal acheté.

Traitement sans délai

Plus on attend entre la détection d’un animal malade et le traitement de celui-ci, plus la dermatite digitale peut se propager. Ce sont justement les lésions dont l’aspect rappelle une fraise qu’il faut traiter le plus rapidement possible, car elles excrètent les bactéries en grand nombre et favorisent leur propagation au sein du troupeau. De plus, ces plaies cutanées très douloureuses réduisent le bien-être de la vache autant que sa production laitière.

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Les lésions cutanées dont l’aspect rappelle une fraise doivent être traitées le plus rapidement possible, afin d’éviter la propagation dans le troupeau.

(Photo: Jim Weber)

Attention au pH ruminal

Des portions de concentrés (par vache et par jour) trop élevées ou des apports de structure insuffisants peuvent entraîner une acidification de la panse, dont le corollaire est un affaiblissement du système immunitaire. Par ailleurs, les animaux concernés produisent des excréments plus liquides, favorisant la propagation des bactéries responsables de la dermatite digitale. Il n’en reste pas moins qu’un apport de concentré adapté à la race demeure indispensable pour prévenir les troubles métaboliques.

Effets du parage des onglons

Le parage des onglons est lié de diverses manières à l’apparition de la dermatite digitale. Ainsi, l’accroissement du nombre d’interventions par année augmente la quantité d’animaux diagnostiqués avec la maladie de Mortellaro. En effet, si des parages plus fréquents permettent de détecter et traiter davantage d’animaux affectés, ils augmentent aussi les risques de transmission. Cela est particulièrement vrai si des mesures telles que le changement des gants à usage unique et la désinfection des outils utilisés après le parage d’un animal atteint ne sont pas respectées. Il est recommandé, pour le parage, de se servir de deux jeux de rénettes, ce qui permet de placer les instruments contaminés dans une solution désinfectante pendant que l’on utilise les autres. On observe par ailleurs que les exploitations qui font appel à des pareurs·euses d’onglons externes sont aussi plus souvent touchées par l’affection. S’il est vrai que les professionnel·les formé·es reconnaissent de manière plus fiable les animaux atteints, il existe néanmoins aussi un risque accru de transmission de maladies entre les exploitations, lorsque les règles d’hygiène ne sont pas suivies à la lettre. Enfin, le lavage des pieds avant le parage des onglons et l’inspection de l’espace entre les talons permettent de mieux détecter les stades précoces de l’affection.

Les plaies cutanées sont très douloureuses.

Pour être efficace, la lutte contre la maladie de Mortellaro requiert donc d’agir simultanément sur plusieurs tableaux. Si cette manière de faire implique un surcroît de travail, elle apparaît cependant judicieuse au vu des pertes de productivité occasionnées par l’affection. 

Des conseils professionnels pour améliorer la santé des onglons

Dans le cadre du projet « Des onglons sains – de bon pied vers l’avenir », la faculté Vetsuisse a formé 57 personnes à la saisie numérique de données pendant le parage des onglons. Les pareurs·euses d’onglons professionnel·les ont à ce jour réussi à convaincre plus de 1000 exploitations de participer au projet. Evaluées de manière anonyme, les données de parage des onglons servent notamment à des études scientifiques. Les éleveurs peuvent aussi consulter les données les concernant sur le portail « OnglonsNet » et comparer leur exploitation avec celles d’autres participants au projet.

Sélection selon la valeur d’exploitation

Les données collectées sur la santé des onglons permettent de calculer une valeur d’exploitation pour celle-ci. Plus cette valeur est basse, plus la santé des onglons du troupeau est bonne. L’équipe de projet contacte les exploitations affichant des valeurs élevées pour leur proposer une visite de conseil gratuite. Le vétérinaire de troupeau prend le relais les années suivantes, jusqu’à ce que la valeur d’exploitation se soit normalisée lors de deux parages successifs. Parmi les affections les plus fréquemment observées en 2020, on trouve – outre les maladies d’origine infectieuse telles que la pourriture de la corne du talon (65 % des vaches) et la dermatite digitale (21 %) – des affections d’origine mécanique ou alimentaire, comme les altérations de la ligne blanche (18 %), les saignements ou les ulcères de la sole (respectivement 12 % et 4 % ).

Visite de l’équipe du projet

La visite débute par un questionnaire, afin d’obtenir un aperçu des structures de l’exploitation. Elle se poursuit à l’étable : outre l’examen de la répartition et du comportement des vaches (en stabulation libre), on mesure les logettes, évalue la gestion de l’abreuvement et de l’affouragement, de même que le type de sol et l’évacuation du fumier ; les professionnels réalisent aussi l’évaluation de 30 animaux sur la base de la propreté, des callosités et de la position des pattes arrières. A la demande des éleveurs·euses, la ration ainsi que les données de production laitière peuvent également être analysées plus en détail. Un entretien final regroupe ensuite le vétérinaire de troupeau, le pareur d’onglons et l’éleveur. Une bonne collaboration entre ces trois entités est essentielle pour créer une base pour des onglons sains. Toutes les personnes concernées reçoivent enfin un rapport circonstancié sur les mesures recommandées lors de la visite, afin d’améliorer la santé des onglons au niveau du cheptel.

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