Des vaches pas trop grandes, des teneurs du lait élevées, une bonne fertilité, des numérations cellulaires basses, une longue durée d’utilisation, de solides aplombs et une mamelle fonctionnelle : autant de buts d’élevage recherchés dans toutes les exploitations. Les buts d’élevage sont étroitement liés à la philosophie du chef d’exploitation. Le contexte propre au domaine, comme la base fourragère, la ration, le type de production, le prix du lait, les bâtiments et la situation géographique jouent un rôle tout aussi déterminant. Lors du choix du taureau, il faut tenir compte de ces facteurs. Dans une exploitation pratiquant la pâture intégrale, il serait par exemple absurde de recommander des taureaux affichant une valeur d’élevage Lait de +2000 kg. Une exploitation pratiquant une telle stratégie ne pourrait en effet pas approvisionner ses vaches conformément à leurs besoins. L’éventail en taureaux appropriés s’est considérablement étoffé, notamment grâce à la sélection génomique. Ce large choix complique néanmoins la tâche de l’éleveur, qui aura plus de mal à choisir le taureau qui convient le mieux à son troupeau. L’objectif consistant à privilégier un troupeau homogène et équilibré sera dès lors d’autant plus difficile à atteindre.
Identifier l’homogénéité
On constate au premier coup d’œil si un troupeau est homogène ou non. En circulant parmi le troupeau, les vaches les plus « extrêmes », notamment celles qui sont plus grandes que les autres ou celles dont le bassin est mal positionné, se remarquent tout de suite. L’éleveur identifie aussi très rapidement les vaches qui se traient trop vite ou trop lentement, qui ont des problèmes de mammites, de rétention placentaire ou qui doivent être inséminées à de multiples reprises. On parlera beaucoup moins d’une vache qui vêle toute seule et qui intègre le troupeau le jour suivant que d’une vache qui n’a pas réussi à se relever pendant deux jours. Il en va exactement de même pour la santé des onglons : les vaches qui n’ont pas besoin de passer au congrain en dehors du parage annuel des onglons sont souvent un non-sujet. La gestion du troupeau joue bien entendu un rôle important. Les enseignements tirés des éléments mentionnés plus haut auront un impact sur les choix génétiques. Un troupeau homogène passe par une vache équilibrée, homogène, qui ne se distingue pas du reste du troupeau et qui « fonctionne » parfaitement.
Choix des taureaux
Le choix des taureaux appropriés est un facteur clé. Elever les vaches qui développent leur potentiel maximal dans les conditions données est un premier pas dans la bonne direction. Les relevés de données, que beaucoup considèrent pourtant plutôt comme une chicanerie inutile que comme une mesure utile, peuvent aider à sélectionner les taureaux d’élevage appropriés. Grâce à cela, les vaches à problème sont rapidement exclues de l’élevage. Les programmes informatiques des fédérations d’élevage sont un outil supplémentaire pour comparer les animaux d’un même troupeau et les évaluer en fonction des critères désirés, pour identifier les meilleurs sujets.
Stratégie de troupeau
Choisir le taureau le mieux adapté à son troupeau est un facteur de réussite incontournable. L’expérience démontre qu’il est beaucoup plus important d’utiliser un taureau adapté au troupeau en général plutôt qu’à chaque vache en particulier. Les caractères du taureau utilisé conviendront alors à l’ensemble du troupeau. Le plan d’accouplement individuel joue un rôle secondaire. Dans les très grands troupeaux d’Amérique du Nord, cette pratique est courante depuis plusieurs décennies. Avec des troupeaux de 2000 vaches ou plus, il est en effet très difficile d’établir un plan d’accouplement individuel. D’une manière générale, cela signifie qu’au cours d’une campagne d’insémination, il faut utiliser deux à trois taureaux par lot de dix vaches, soit l’équivalent de cinq inséminations réussies par taureau. Pour restreindre l’éventail de taureaux potentiels, il convient d’être très strict à propos des critères retenus. Il faut décider quels sont les trois à quatre critères à améliorer à l’échelle globale du troupeau et sélectionner les taureaux qui remplissent ces conditions. Lorsqu’on souhaite par exemple améliorer la position du bassin, le niveau de production laitière et les aplombs de son troupeau, il faut impérativement utiliser les taureaux qui font partie des meilleurs concernant ces critères. Quand on utilise de jeunes des résultats un peu moins sûrs, il est encore plus important d’opter pour ceux qui obtiennent les meilleurs résultats pour le caractère désiré. Les taureaux « génomiques » présentant résultats génomiques affichant un degré de sécurité inférieur, il se peut que le meilleur des taureaux génomiques figure en réalité au troisième rang et que le taureau qui se situait au quatrième rang soit le meilleur. Il est en revanche très improbable que le taureau qui figure au 30 e rang soit le meilleur. Avec les taureaux génomiques, il convient de répartir les risques, c’est-à-dire d’utiliser un taureau plutôt à deux ou trois reprises qu’une dizaine de fois. L’éleveur qui souhaite stabiliser le niveau de performance de son troupeau et utiliser de jeunes taureaux génomiques devrait plutôt utiliser des sujets affichant une valeur d’élevage Lait supérieure à +1000 kg. En raison du degré de sécurité légèrement inférieur de l’ordre de 60 % environ ( contre 90 % pour un taureau testé selon la descendance ), la performance laitière des filles d’un taureau génomique a plus de chance de fluctuer davantage, que ce soit vers le haut ou vers le bas. Les valeurs d’élevage génomiques se sont bien confirmées dans la pratique et sont devenues un instrument de sélection important.
Progrès d’élevage
Comme souvent dans l’élevage bovin, « 1 + 1 » n’est pas toujours égal à deux. Toutefois, lorsqu’on opte pour des vaches adaptées à ses buts d’élevage et qu’on les insémine avec des taureaux choisis en fonction de critères souhaités pour l’ensemble du troupeau, on s’assure un progrès d’élevage optimal. Grâce à cela, on se rapproche davantage de l’objectif d’un troupeau homogène.