La culture de la betterave sucrière biologique est exigeante. Malgré la forte concurrence du sucre de canne bio, le potentiel du sucre bio suisse sur le marché est élevé. Cependant, les producteurs·trices ne parviennent pas encore à livrer les volumes souhaités. Ainsi, l’an dernier, près de 86 % des betteraves bio transformées en Suisse ont dû être importées d’Allemagne.
De fortes fluctuations de rendement
Les raisons de cette faible production indigène sont multiples. Parmi les plus importantes figurent les grandes fluctuations dans les rendements ainsi que les difficultés dans la lutte contre les adventices et les maladies. La branche déploie cependant de nombreux efforts pour développer les surfaces et les rendements. Avec le soutien de la Confédération, de Coop et de Sucre Suisse SA, la surface a plus que triplé depuis 2018.
L’initiative a démarré il y a sept ans avec environ 100 ha. Selon Sucre Suisse SA, la campagne 2025 compte déjà 389 ha. Ce résultat reste toutefois modeste en comparaison avec la production conventionnelle et IP-Suisse (resp. 12 436 et 4721 ha).
Un facteur important expliquant cette progression est la plantation de betteraves. Utilisée depuis 2021, cette technique s’est largement imposée, en particulier dans les exploitations bio de Suisse romande. L’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) et la Fondation rurale interjurassienne (FRI) en accompagnent l’introduction depuis le début à travers différents projets. Ils ont récemment publié une fiche technique à ce sujet.
Des plantons de France et d’Espagne
Si la plantation offre des avantages certains sur le plan de la croissance, elle est relativement coûteuse : les frais sont estimés entre 3000 et 5000 francs par hectare (plantons compris). Cette technique est cependant essentielle pour la production de betteraves bio, car elle permet de commencer immédiatement la lutte contre les adventices et de mieux exploiter la période de végétation (voir encadré sur les avantages et les inconvénients).
En matière de conduite culturale, quelques différences apparaissent par rapport aux betteraves semées. Il faut notamment commander les plants à temps auprès de Sucre Suisse SA, sachant que les plantons, qui proviennent de France et d’Espagne, sont préfinancés par l’entreprise.
A défaut de connaissances spécifiques, la fertilisation des betteraves plantées est analogue à celle des betteraves semées. Comme précisé dans la fiche technique ad hoc, la plantation conduisant à un enracinement réduit, l’approvisionnement en nutriments doit être suffisant tout au long de la croissance de la culture.
La furmure est réalisée comme pour la betterave semée.
Travail du sol plus profond
Pour les betteraves plantées, le travail du sol doit être tendanciellement plus profond que pour les betteraves semées. L’objectif est d’obtenir une structure homogène, meuble dans les premiers centimètres, afin de favoriser l’implantation de la motte et l’efficacité du premier passage de herse étrille. Les plantons, longs de 12 à 16 cm, sont mis en terre au stade 4 à 6 feuilles. Lors de la plantation, les mottes doivent être humides pour assurer un enracinement rapide. L’espacement recommandé est de 25 cm pour une densité de 80 000 plants par hectare. Quelques jours seulement après plantation, les betteraves sont déjà très résistantes et supportent bien les interventions mécaniques. Dans la majorité des cas, un passage de herse étrille suffit à maîtriser les adventices.
Une technique avec protection triple
Les maladies rencontrées sont les mêmes que pour les betteraves semées. Cependant, la plantation apporte une triple protection partielle contre certains ravageurs qui peuvent provoquer des dégâts notamment sur les jeunes betteraves : (1) l’important volume de substrat préserve en partie le système racinaire ; (2) l’âge des plantons offre une meilleure tolérance aux interventions mécaniques ; (3) le nombre de feuilles et leur développement réduit l’impact des herbivores.