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Production végétale

Le tournesol, mode d’emploi

Deux agriculteurs, deux approches de la culture de tournesols : Benjamin Wirz (BL) se lance en vente directe et Christophe Ackermann (JU) mise depuis trois ans sur l’huile bio. Ces deux agriculteurs montrent la diversité de la culture et expliquent pourquoi des têtes de tournesols noires sont un bon signe.

Le tournesol, mode d’emploi
(Katharina Kempf)

Publié le

Rédacteur, Revue UFA

Redactrice Revue UFA

En bref

– Suite au dérèglement climatique, les tournesols ne sont pas qu’une option pour les régions viticoles.

– Grâce à leur système radiculaire, ils ameublent le sol et activent des nutriments : un précédent cultural idéal pour les céréales.

– Les limaces sont problématiques chez les jeunes plantes. Les oiseaux doivent toujours être gardés à l’œil, surtout peu avant la récolte.

Portrait d’exploitation  Ferme Grossacker, Kilchberg (BL)

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« Nous sommes surpris en bien par ce premier essai », confie Benjamin Wirz.

(màd)

Benjamin Wirz, chef d’exploitation

– 85 ha SAU

– Système de production IP-Suisse, colza Extenso

– Main-d’œuvre : son papa, un employé à 40 %, un apprenti, sa partenaire (qui gère le café-magasin Hofcafé Unique)

– Rotation : blé panifiable, maïs d’ensilage, jachère tournante, colza, orge, tournesols, un peu de blé dur, prairie artificielle pour les vaches allaitantes

– Garde de vaches allaitantes

– Travaux à façon 

www.wirz-kilchberg.ch

Lorsque, à la fin septembre, le champ de Benjamin Wirz à Kilchberg (BL) se pare de taches noires, c’est signe que la récolte approche. Pour sa première culture de tournesols, il a choisi la variété à rayures NS Argonaut sur trois hectares. Il veut commercialiser les graines décortiquées de ce premier essai en vente directe. « Pour l’huile, il faudrait un rendement supérieur pour dégager une marge brute intéressante », dit-il.

Une production locale

Benjamin Wirz applique les directives IP-Suisse. Les tournesols viennent compléter une rotation de blé panifiable, maïs d’ensilage, orge et colza. Une autre raison l’a poussé à cultiver des tournesols : « Ça me dérangeait de voir dans le magasin des graines de l’étranger, alors qu’elles peuvent être cultivées ici. »

Le séchage des graines a déjà été convenu avec LANDI Reba (BL). Ensuite, les graines seront décortiquées en petites quantités à Fehren (SO). Quatre magasins LANDI se sont engagés à vendre les graines bâloise dans des sachets de 200 g. Elles seront aussi mises en vente dans son café-magasin, d’autres magasins à la ferme et peut-être dans deux moulins. L’agriculteur est ouvert à d’autres opportunités : « Nous en avons en quantités suffisantes », précise-t-il en riant.

De beaux tournesols

Pour la culture, Benjamin Wirz a choisi des procédures connues. Après un engrais vert à l’automne et un engrais de ferme au printemps, il a préparé le sol en douceur avec une bêche rotative. « Elle donne de bons résultats, sans retourner le sol. » Il a passé plusieurs fois le scalpeur sur la surface pour désherber. Le semis a eu lieu en avril avec un semoir monograine et des interrangs de 50 cm. Un herbicide de pré-levée a contenu les adventices.

La météo a d’abord été clémente, puis l’été a été marqué par des orages forts et par l’érosion. Les plants se sont malgré tout bien développés. « Par chance, il y a eu du vent et pas trop de brume », précise l’agriculteur, qui ne déplore ni maladies, ni nuisibles, ni dégâts causés par les oiseaux. Par contre, des granulés anti-limaces ont dû être utilisés au début.

Premier bilan

La récolte a eu lieu le 18 octobre, avant les fortes pluies. L’humidité des graines (13 %) est supérieure à celle visée (6 % dans l’idéal), entraînant ainsi des coûts de séchage un peu plus élevé. Les chaumes durs ont été broyés le jour même. Le rendement est de huit tonnes environ. « Nous sommes surpris en bien par ce premier essai. Reste maintenant à voir comment se passe le séchage, le conditionnement et la vente », conclut l’agriculteur de Bâle-Campagne.

Vers un nouveau champ couleur soleil ?

« Rétrospectivement, toutes les parcelles chez nous ne sont pas faites pour le tournesol, car le sol doit être léger. Mais j’ai déjà une surface en vue pour 2026 », confie Benjamin Wirz avec un sourire.

Portrait d’exploitation  La Burgisberg, Bourrignon (JU)

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« Cette culture aurait été impossible ici il y a 15 ans », explique Christophe Ackermann.

(màd)

Communauté d’exploitation Christophe Ackermann et Dominique Odiet

– 85 ha de surfaces herbagères, 45 ha de grandes cultures

– Système de production Bio Suisse

– Main d’œuvre : chefs d’exploitation et un employé à plein temps ; un employé, le papa et l’oncle de C. Ackermann à temps partiel

– Rotation : céréales (orge / blé), tournesol, céréales (orge / blé), pommes de terre, colza, betteraves sucrières, prairie artificielle

– Engraissement de porcs (800 places), 14 vaches allaitantes, 80 génisses en contrat d’élevage, 6 juments poulinières (franchesmontagnes), 15 chevaux en pension

– Production d’énergie : panneaux photovoltaïques 250 000 kWh / an, biogaz 800 000 kWh / an

www.ackermann-cie.ch

Aujourd’hui, Christophe Ackermann cultive trois hectares de tournesols à Bourrignon (JU) à 850 m d’altitude. « Cette culture impossible ici il y a 15 ans, l’est devenue aujourd’hui grâce, ou à cause du réchauffement climatique », déclare l’agriculteur bio Christophe Ackermann dans un entretien avec la Revue UFA. Il cultive des tournesols SY Arco depuis trois ans, une variété HO pour la production d’huile.

Diversification avec des tournesols

Christophe Ackermann travaille en bio. Ses tournesols sont en rotation, entre du blé d’automne et de l’orge d’automne. « Je voulais diversifier mes cultures et il y a une demande en tournesols bio. En plus, c’est une culture bio relativement facile », explique-t-il. Légers, les sols superficiels de Bourrignon sont bien adaptés. Les graines sont semées en avril avec un semoir monograine de précision. Les interrangs de 50 cm au début sont passés cette année à 75 cm : « Ça facilite vraiment le désherbage mécanique. »

Savoir-faire cultural

Pour la levée, les plants reçoivent 20 m 3 de lisier de l’installation de biogaz de la ferme. Il n’y a pas eu de problèmes de maladie jusqu’à présent : « Les tournesols sont plus robustes que le colza bio », explique l’agriculteur. Plus problématiques, les limaces ont nécessité deux épandages de granulés par drone.

L’agriculteur se charge lui-même du séchage des graines : la chaleur de l’installation de biogaz permet de sécher huit tonnes en deux jours. Pour ce faire, l’air chaud est soufflé sur les graines réparties sur des tamis dans un conteneur. Les graines sont commercialisées par le centre collecteur bio de LANDI ArcJura SA à Porrentruy.

Météo et récolte

L’année a bien commencé : les graines ont été semées le 20 avril avec un semoir monograine de précision. Le mois de mai, frais et humide, a freiné la croissance, qui a bien repris avec la chaleur de juin. Les limaces n’ont pas cessé de poser problème. « En 2024, les oiseaux ont causé beaucoup de dégâts, moins cette année. Mais les limaces sont toujours un problème », résume l’agriculteur.

Pour la récolte, il est primordial que les plants et les graines soient le plus secs possible. Cela permet d’économiser en séchage et facilite le battage. Dans la région, plusieurs entreprises de travaux agricoles ont investi dans des équipements spéciaux pour les tournesols dont la culture a beaucoup augmenté.

Souhait de nouvelles variétés précoces

Après le battage, les chaumes sont broyés mécaniquement et le sol est labouré avant d’y semer des céréales. Sur trois ans, le rendement moyen est d’environ huit tonnes de graines sur trois hectares. A la récolte, le taux d’humidité des graines se situe entre 12 - 15 %. Christophe Ackermann veut poursuivre cette culture tant que la demande est là : « Je souhaiterais de nouvelles variétés précoces avec de meilleurs rendements. Mais je vais continuer les tournesols. » 

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