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Technique agricole

Lutte digitale contre les rumex

Les cartes numériques pourraient bientôt être une aide précieuse dans la lutte contre les rumex : un drone cartographie le champ et transmet les positions des rumex directement sur le smartphone. Un prototype de la Haute école spécialisée de Suisse orientale va encore plus loin : à l’avenir, il agira de manière autonome avec de l’eau chaude contre les plantes indésirables.

Prototype développé par la OST pour la lutte contre les rumex automatisée et compatible avec l’agriculture biologique.

Prototype développé par la OST pour la lutte contre les rumex automatisée et compatible avec l’agriculture biologique.

Publié le

Employé scientifique, Agroscope

Chercheur, HES Suisse orientale

 

Dans le cadre d’un projet du programme Innosuisse, Agroscope a développé une méthode digitale de détection des rumex en collaboration avec la Haute école spécialisée de Suisse orientale (OST) ainsi que fenaco, Sunrise et Huawei. A l’aide d’un drone professionnel (le DJI Matrice 300 RTK) équipé d’une caméra Zenmuse P1, différents pâturages et prairies en zone de plaine ont été survolés à une altitude d’environ 12 m pour produire des images couleur haute résolution. Grâce au système de géolocalisation RTK (cinématique temps réel) intégré au drone, les rumex peuvent être localisés précisément. Toutes les images sont transmises en direct sur un serveur pendant le vol moyennant le réseau 5G, ou enregistrées sur une carte SD. Elles sont ensuite analysées automatiquement à l’aide d’algorithmes développés spécifiquement pour ce projet : les rumex sont détectés sur les images, et leurs coordonnées sont calculées. Les coordonnées ainsi obtenues peuvent être exportées sous forme de fichiers.kml ou.shp, puis facilement visualisées sur un smartphone avec une application comme Google Earth.

Passage à la pratique

Lorsque l’emplacement des rumex est connu, il est possible de les combattre plus efficacement. Ce qui fonctionne en théorie est maintenant mis en pratique avec Agroline. Cependant, en raison du durcissement de la réglementation sur l’usage des drones et dans l’optique d’une solution à un coût raisonnable, des optimisations restent nécessaires, tant au niveau du drone que de la performance sur les surfaces.

Le responsable de projet, Lucas Zingerli, poursuit un objectif clair : «Nous souhaitons proposer très bientôt aux agriculteurs et agricultrices une solution aboutie et adaptée à la pratique».

Un algorithme de détection des rumex a été entraîné à partir des images prises par drone. Les tests réalisés en zone de plaine ont montré qu’un taux de détection de 85 % à 90 % est possible sur des prairies et pâturages présentant une composition végétale classique. La présence sur une parcelle de plantes ou d’éléments (p. ex. pierres ou champignons) non inclus dans le jeu d’entraînement de l’algorithme provoque encore des erreurs de détection et une baisse du taux de reconnaissance. Il est donc nécessaire d’enrichir le système avec de nombreuses images supplémentaires provenant de surfaces herbagères très diverses, afin de rendre l’algorithme de détection plus robuste.

Gagner du temps grâce à la cartographie

Différentes exploitations disposant de grandes surfaces faiblement infestées par les rumex manifestent un vif intérêt pour une aide à la localisation de ces adventices lors des traitements. En effet, plus les rumex sont rares dans une parcelle, plus leur repérage demande du temps (selon les agriculteurs·trices interrogés, jusqu’à deux tiers du temps total d’intervention). Consulter les emplacements des rumex détectés sur une carte permet d’économiser un temps précieux, car cela limite les déplacements inutiles sur la parcelle. La cartographie des rumex présente également un avantage complémentaire : elle permet de suivre l’évolution des infestations sur plusieurs années et de mieux planifier, si nécessaire, des réensemencements partiels ou complets. 

Cartographier les rumex permet de limiter les déplacements dans les parcelles. 

Réguler les rumex de manière autonome

De nombreuses exploitations disposant de grandes surfaces herbagères souhaitent réguler les rumex d’une manière automatisée qui soit aussi compatible avec l’agriculture biologique. Sur ce plan, l’appareil à eau chaude de la société Bachmann Hochdruckanlagen à Bütschwil – vendu à plus de 300 exemplaires – a déjà largement fait ses preuves dans diverses exploitations pour la lutte biologique contre les adventices. L’automatisation de ce procédé est déjà en cours : sur son site de Tänikon, la HES OST a développé un robot équipé d’un bras articulé variable, muni d’un dispositif de pulvérisation d’eau chaude. La prochaine étape consiste à intégrer un module de production d’eau chaude adapté, afin que ce prototype puisse partir de manière autonome à la chasse aux rumex.

De nouvelles solutions en vue

Les éléments nécessaires à un dispositif automatisé compatible avec l’agriculture biologique pour la lutte contre les rumex dans les prairies et pâturages existent déjà aujourd’hui. Il s’agit désormais de combiner ces différents modules au sein d’une plateforme autonome, afin de permettre une régulation automatisée des rumex qui puisse aussi être utilisée en agriculture biologique. Grâce aux outils digitaux et aux avancées techniques dans divers domaines, l’arrachage manuel des rumex, une tâche longue et éprouvante, pourrait bientôt appartenir au passé. 

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