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Gestion

Un nouveau départ

Pour les enfants souffrant de problèmes de comportement, passer du temps à la ferme est un moyen de prendre de l’assurance. Pour les adultes souffrant de burn-out, c’est un moyen de se remettre en forme. A la ferme, les personnes âgées trouvent quant à elles un soutien et une structure quotidienne. Dans l’agriculture, le soutien aux personnes recèle un potentiel certain pour autant que l’on apprécie le contact humain.

L’animal comme thérapeute : dans une exploitation agricole, les êtres humains apprennent à tisser des relations et à prendre des responsabilités, dans l...

L’animal comme thérapeute : dans une exploitation agricole, les êtres humains apprennent à tisser des relations et à prendre des responsabilités, dans les limites de leurs possibilités. Cela les aide à prendre confiance en eux. 

(Photo: Carefarming Suisse)

Publié le

En 2004, un directeur d’école de la région d’Yverdon s’occupant d’enfants confrontés à des difficultés scolaires se mit à la recherche d’un endroit calme. C’est ce qui l’amena à rencontrer l’agriculteur Jean-Marc Bovay, pour qui cette demande tombait à point nommé : « J’étais en train de me réorienter et j’ai trouvé qu’il s’agissait d’une alternative intéressante », explique ce dernier. Depuis, Jean-Marc Bovay propose à certains élèves un espace protégé sur son domaine. Les jeunes concernés peuvent y reprendre confiance en eux et réintégrer progressivement une scolarité normale.

 « Ils apprennent qu’il faut s’occuper tous les jours des animaux et que cela permet de nouer une relation avec eux. »

Jean-Marc Bovay, agriculteur

Le contact avec les animaux aide énormément les enfants. « Ils apprennent qu’il faut s’occuper tous les jours des animaux et que cela permet de nouer une relation avec eux. A cette occasion, ils prennent aussi conscience que la violence ne permet pas d’avancer », précise encore l’agriculteur. « Certains élèves ne passent que quelques semaines chez moi, alors que d’autres restent neuf mois », explique Jean-Marc Bovay. Quatre fois par semaine, un bus scolaire amène des jeunes dans cette ferme située dans un petit village vaudois de moins de 150 habitants. Les élèves concernés sont accompagnés par un pédagogue et un enseignant. Aucun d’eux ne dort à la ferme. Le travail avec les parents figure aussi parmi les tâches accomplies par Jean-Marc Bovay.

Portrait d’exploitation

  • Branches d’exploitation: Grandes cultures (26 ha), pommes de terre, avoine, blé pour les semences
  • Animaux: Pension pour chevaux, élevage de chevaux, élevage de chevaux de sports
  • Stratégie: 2002 reconversion à l’agriculture biologique ; 2004 début de l’activité consistant à proposer des prestations sociales à la ferme
  • Collaborateurs: 1 apprenti, 2 employés à temps partiel

www.fermedumartalet.com

Aux cours entre les traites

Jean-Marc Bovay a tout d’abord accompli cette activité à titre bénévole. Depuis 2008, son travail est rémunéré et l’agriculteur est soulagé que ce soit le cas. « A certains moments, j’avais tout juste le temps de m’occuper de ma ferme. Ce n’était pas une solution durable », explique l’agriculteur, qui élevait à l’époque aussi des vaches laitières. A plus de 50 ans, Jean-Marc Bovay a pris son courage à deux mains et s’est inscrit pour trois ans à la Haute école pédagogique d’Yverdon. Les courtes distances entre la ferme et la Haute école lui ont permis de suivre les cours entre les traites du matin et du soir. « Je suis d’un naturel curieux. J’aime lire et apprendre. En fait, j’ai surtout suivi cette formation par intérêt personnel. Aujourd’hui, cela me permet de discuter d’égal à égal avec des spécialistes », explique Jean-Marc Bovay de sa voix posée.

Formation pour l’accueil en zone rurale

Les prestations sociales proposées dans les exploitations agricoles s’adressent à toutes les classes d’âge et englobent les activités suivantes : 

  • Accompagnement, accueil
  • Soin, offres thérapeutiques 
  • Loisirs, vacances 
  • Offres de soutien

Jusqu’à maintenant, d’un point de vue légal, il n’est pas obligatoire de suivre une formation pour accueillir des personnes à la ferme. Des compétences dans ce domaine sont néanmoins indispensables. Une formation à cet effet est dispensée (en allemand) à l’Informa (BE). Elle fournit des connaissances de base dans le domaine de la pédagogie sociale, de la psychologie du développement et de la communication. Sur 40 jours de cours, répartis sur 16 mois, des thèmes comme la proximité et la distance, la délimitation et la répartition des rôles sont traités. Le prochain cours débute en août 2022.

Indépendamment de la participation au cours, sa responsable, Barbar Thörnblad, recommande de collaborer avec une institution. Les lois étant très différentes selon les cantons, et les organismes responsables n’étant pas les mêmes selon le type de clientèle, le fait d’être rattaché à une institution simplifie le travail administratif. Après près de 20 ans d’expérience, Barbara Thörnbald s’est aperçue à quel point il est important que la famille du chef d’exploitation puisse s’adresser à une personne externe.

Etre prêt à s’engager

Karin Wyss, présidente de l’association Carefarming Suisse, précise qu’il ne faut pas nécessairement avoir suivi une formation pédagogique pour proposer des places d’accueil à la ferme. Elle accueille dans sa propre ferme trois femmes souffrant de problèmes psychiques. Karin Wyss est infirmière diplômée et animatrice de jardin d’enfant. En plus de cela, elle suit une formation continue en psychiatrie. « Ce qui prime, c’est d’être prêt à s’engager en faveur de quelqu’un et à collaborer avec cette personne », affirme Karin Wyss. Les exploitations qui se prêtent le mieux sont celles dont la structure permet une activité d’accueil. Une ferme proposant l’accueil de jour ne doit pas nécessairement disposer d’une chambre d’hôte selon Karin Wyss.

 « Les travaux à réaliser à la ferme doivent aussi pouvoir être menés à bien lorsque les ‹clients› ne sont pas là. »

Karin Wyss, Carefarming Suisse

De l’avis de cette spécialiste, la propreté et la sécurité à la ferme ainsi que des disponibilités en temps sont en revanche essentielles. « Les travaux à réaliser à la ferme doivent aussi pouvoir être menés à bien lorsque les ‹ clients › ne sont pas là », souligne Karin Wyss, tout en précisant que le respect de ce principe lui avait déjà permis de surmonter bien des situations de stress.

Accueil d’adultes

L’association Carefarming estime que l’accueil d’adultes recèle un certain potentiel. Il existe par exemple une forte demande de la part de seniors souhaitant déménager à la ferme et participer le plus longtemps possible à la vie de travail qui y est associée. Lorsqu’il s’agit d’effectuer une transition après un séjour en clinique, les offres en lien avec le burn-out sont également très demandées, d’après Karin Wyss. « A la ferme, ces personnes bénéficient d’un quotidien clairement structuré, qui leur permet de se familiariser avec la vie normale », explique la spécialiste.

Considérer la réussite comme une partie du salaire

Jean-Marc Bovay s’implique lui aussi au sein de l’association Carefarming Suisse et souhaite faciliter la voie aux nouveaux intéressés, surtout en Suisse romande. « L’accueil de jeunes mais aussi d’adultes en quête de changement recèle un énorme potentiel. La demande envers les agricultrices et les agriculteurs proposant une telle offre est très élevée », constate Jean-Marc Bovay. Selon l’agriculteur, cette activité ne permet certes pas de gagner énormément d’argent, mais, à ses yeux, le revenu financier n’est toutefois pas l’élément prioritaire. Il accomplit son travail avec passion et est toujours très heureux lorsqu’un ancien élève qui a fini par trouver sa voie passe à la ferme pour lui dire bonjour. Cela lui donne de la force pour se lancer dans d’autres projets. « Nous rêvons de réu nir à la ferme, dans le cadre d’une communauté intergénérationnelle, des enfants et des personnes dont certaines pourraient avoir un âge avancé. Toutes les parties en bénéficieraient», conclut l’agriculteur. 

Carefarming Suisse

L’association Carefarming Suisse met en réseau des personnes proposant des prestations sociales dans le secteur agricole et les soutient sur ces questions et dans leurs préoccupations. Sur son site Internet, l’association présente des exploitations proposant des activités d’accueil à la ferme. Elle ne se considère toutefois pas comme une agence de placement.  www.carefarming.ch

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