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Gestion

Construire directement la porcherie idéale

Dans l’élevage de porcelets, la santé animale est une priorité. Au moment d’attribuer la planification et la construction de sa porcherie, Matthias Zysset ne s’est par conséquent pas uniquement focalisé sur les prix. Il a toujours pensé que ses objectifs ambitieux nécessiteraient un partenaire qui continuerait à le soutenir une fois sa porcherie construite.

Obtenir de meilleurs résultats en étant proche des animaux. Concernant le climat à la porcherie, Matthias Zysset ne s’appuie pas uniquement sur des para...

Obtenir de meilleurs résultats en étant proche des animaux. Concernant le climat à la porcherie, Matthias Zysset ne s’appuie pas uniquement sur des paramètres techniques. Les porcelets étant des animaux sensibles, régler l’apport d’air, la température et l’humidité requiert beaucoup d’intuition. 

(Photo: Marco Zanoni)

Publié le

Matthias Zysset est un producteur de porcelets qui va vraiment au bout des choses. Lorsque la taille moyenne des portées est inférieure à 13,5 porcelets, il commence à s’inquiéter et à en rechercher les causes. Pour y parvenir, la marge de manœuvre concernant les résultats liés à la durée d’utilisation, la taille des portées, les intervalles entre les portées ainsi que le taux de gestation et de remonte est relativement restreinte.

Dès qu’une courbe monte ou baisse trop rapidement sur son écran, l’éleveur réagit. Il élimine de manière ciblée les animaux peu performants et ne fait pas non plus preuve d’une patience illimitée envers les truies qui reviennent en chaleur. La génétique n’est cependant pas le seul facteur à ajuster. Dans la production de porcelets, ce sont souvent des subtilités qui freinent les performances des animaux. Matthias Zysset procède régulièrement à des réglages de détail sur de nombreux facteurs, qu’il s’agisse du chauffage ou de l’alimentation automatique.

« Les animaux récompensent des conditions de garde optimales par des performances élevées »

Matthias Zysset, Agriculteur

La plupart du temps, il corrige l’apport d’air, qui est un élément central pour toute porcherie d’élevage. « La conception d’une porcherie optimale implique de concevoir d’abord l’aération, puis l’enveloppe qui sera construite tout autour », estime Matthias Zysset, qui a sevré plus de 8000 porcelets tout au long de sa carrière. Comme il est très difficile de bénéficier d’un climat approprié au sein de chaque zone, l’agriculteur ne s’appuie pas uniquement sur des auxiliaires digitaux pour faire ses choix : il lui arrive ainsi de se coucher dans la paille au milieu de ses animaux, par exemple. « Les animaux récompensent des conditions de garde optimales par des performances élevées », confirme-t-il.

La reprise a imposé des décisions

Matthias Zysset avait 30 ans lorsqu’il a repris il y a trois ans le domaine alors géré en communauté d’exploitation. A l’époque, la production laitière était la principale branche d’activité de cette exploitation de 30 hectares située à Kirchdorf (BE). Mais la stabulation entravée ne correspondait plus aux exigences actuelles en matière de garde des animaux. La production de porcelets était aussi affectée par des problèmes structurels, la charge de travail étant disproportionnée par rapport aux résultats. Matthias Zysset se trouvait donc à la croisée des chemins. Préférant la production porcine, le jeune agriculteur opta pour les truies d’élevage, malgré la pression de prix subie par cette filière. « Pendant mes années d’apprentissage dans deux exploitations laitières, j’ai remarqué que la vache n’était pas mon animal de rente préféré », se souvient l’éleveur porcin. « Les porcs sont plus proches de l’être humain sur de nombreux aspects. Ils sont attentifs, sociables et plus sensibles aux changements que les ruminants ».

Sa fascination pour les porcs n’aurait cependant pas suffi pour lui permettre d’atteindre ses objectifs. Pour cela, il avait besoin d’une infrastructure qui corresponde à ses attentes. Il s’est donc mis à la recherche d’un partenaire pour construire sa porcherie. Il a tout d’abord fait appel à deux entreprises et leur a demandé de préparer un avant-projet. Après leur avoir demandé d’y apporter des modifications, il a décidé de confier la planification du bâtiment à l’entreprise Krieger SA à Ruswil, dans le canton de Lucerne.

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La tâche du concepteur de porcherie ne s’achève pas avec la remise des clés du bâtiment. Grâce à ses fréquentes visites dans des porcheries, Stefan Achermann obtient des informations intéressantes de la part de ses clients et intègre ces réflexions à ses futurs projets de construction.

(Photo: Stefan Gantenbein)

Motivé par des exigences élevées

La tâche des deux entreprises concernées consistait à répondre aux souhaits du maître d’ouvrage sans pour autant dépasser le budget assez serré de celui-ci après la reprise. « Dans le cas de Matthias Zysset, la difficulté résidait dans le fait que l’enveloppe de l’étable existante impliquait déjà un certain nombre de contraintes et que le terrain disponible pour la construction des nouveaux bâtiments n’était pas plat », explique le responsable du projet, Stefan Achermann. Dès les premières réflexions, il est ressorti que la porcherie des truies en gestation devait être intégrée à l’ancienne stabulation. L’éclairage, les canaux à lisier existants et la hauteur du bâtiment s’y prêtaient idéalement. La question du stockage de la paille était par ailleurs déjà résolue, les volumes existants étant suffisants. Pour combiner bien-être animal et contraintes inhérentes aux processus de travail, il a fallu faire preuve de créativité.

Nouvelle implantation des bâtiments

Lors de la construction des nouveaux bâtiments, les experts ont tout d’abord mis l’accent sur l’implantation des nouveaux bâtiments réservés à la saillie, à la mise bas et à l’élevage. Une solution a été trouvée en optant pour une construction très compacte. « Nous y sommes parvenus en plaçant la porcherie de monte entre le bâtiment existant et la porcherie de mise bas », expliquent Stefan Achermann et Matthias Zysset. Cela a permis de limiter les déplacements au sein des bâtiments. A part deux petites pièces réservées à la castration des porcelets et à l’alimentation, nous avons par ailleurs renoncé à des espaces de travail supplémentaires. Ces mesures ont permis d’octroyer plus de place aux animaux et de réduire les travaux d’excavation et les volumes de béton nécessaires. La construction était dès lors supportable financièrement.

Projet de construction de Matthias Zysset, 3116 Kirchdorf (BE)

Répartition des places/effectifs : 32 box de mise bas, 16 places d’insémination, 2 verrats, 96 truies en gestation (80 places occupées), 504 places d’élevage, 26 cochettes (128 places pour truies d’élevage et 112 places occupées actuellement)

Coûts de construction : Fr. 1,7 million (après décompte final), soit Fr. 13 200.–/ place d’élevage (Fr. 15 200.– avec le taux d’occupation actuel)

Descriptif du projet 

  • Nouvelle construction avec porcherie de saillie, porcherie de mise bas et bâtiment pour gorets avec aération souterraine, directives Terra Natura (Lidl) 
  • Transformation de la stabulation des vaches laitières en porcherie pour truies en gestation avec agrandissement de l’aire de sortie extérieure et de la fourragère 
  • Prestations de Krieger SA : planification de A à Z, installations de porcherie, technique d’aération, fenêtres et portes, caillebotis en béton, système d’abreuvoirs, technique pour le microclimat au sein de la porcherie

Etre à l’écoute du client

Pour les constructeurs de porcheries, les projets complexes nécessitant d’intégrer des nouveaux éléments dans des bâtiments existants sont monnaie courante. Un premier contact avec le maître d’ouvrage est donc toujours indispensable.

« La première visite doit permettre de sentir précisément ce que l’agricultrice ou l’agriculteur souhaite »

Stefan Achermann, Krieger AG

Idéalement, il faudrait que le ou la chef·fe d’exploitation dispose déjà, lors du premier contact avec l’entreprise de construction, des chiffres de référence concernant la construction, comme la charge animale, les volumes nécessaires au stockage des engrais de ferme et les distances minimales requises. « La première visite doit permettre de sentir précisément ce que l’agricultrice ou l’agriculteur souhaite », explique Stefan Achermann. Pour y parvenir, il endosse souvent le rôle de conseiller. Dans la production de porcelets, pour des motifs sanitaires, il est rarement possible de visiter des porcheries. Les agricultrices et les agriculteurs ne peuvent dès lors pas s’inspirer de concepts existants.

Les affinités jouent aussi un rôle

Même si cela a un coût, Matthias Zysett conseille à ses collègues producteurs de confier l’avant-projet à plusieurs entreprises. « Le maître d’ouvrage dispose ainsi d’une base de comparaison tout en restant libre pour l’attribution des travaux. » Outre la comparaison des concepts proposés, cette façon de faire a aussi permis à Matthias Zysett de comparer les prix et les conditions commerciales. L’agriculteur bernois a par exemple apprécié le fait que l’entreprise choisie fasse deux offres distinctes, soit une pour les équipements de porcherie et une autre pour la construction. Ainsi, il a pu étudier d’autres options pour les installations intérieures. Outre les réflexions rationnelles, un autre facteur a joué un rôle décisif dans l’attribution définitive du mandat. « Pour obtenir de bons résultats, on a besoin d’avoir quelqu’un qui continue à nous apporter un soutien compétent une fois la construction terminée », résume Matthias Zysset. « Finalement, les affinités personnelles ont aussi joué un rôle déterminant. » 

Plus de place et moins de stress lié au sevrage

La construction d’une porcherie d’élevage pour des truies bio implique une augmentation des besoins en mètres carrés de 60 % par rapport à un même effectif en conventionnel. Pour respecter la période d’allaitement de 42 jours, soit le double de ce qui est le cas en conventionnel, il faut disposer de plus de box de mise bas et ces derniers doivent par ailleurs être plus largement dimensionnés, pour répondre aux directives bio. L’aire de sortie séparée à laquelle les porcelets allaités doivent pouvoir accéder dès l’âge de 24 jours nécessite par ailleurs plus d’espace. Il existe aussi des directives spécifiques pour les truies en gestation : elles doivent disposer d’herbe en vert, de foin, etc. à volonté, ainsi que d’une bauge ou d’un libre accès au pâturage. Indépendamment du label pratiqué, l’entreprise de construction Krieger SA recommande de proposer des fourrages grossiers aux truies en gestation pour qu’elles puissent se rassasier et qu’elles soient plus calmes. Pour favoriser la santé animale et assurer un bon niveau de production, Stefan Achermann recommande par ailleurs d’augmenter le nombre de box de mise bas et, en échange, de renoncer totalement à une porcherie pour les gorets. Dans le cadre d’un tel concept, ce sont les truies qui quittent leurs porcelets après le sevrage. Les jeunes animaux restant dans leur environnement habituel après la séparation, ils sont moins stressés.

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