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Production animale

De quelle qualité est mon fourrage de base ?

La météo instable du début d’été a considérablement compliqué la fenaison cette année. Le foin récolté tardivement contient davantage de cellulose brute, ce qui en réduit la digestibilité.

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(Photo: UFA SA)

Publié le

Cheffe de ressort au service scientifique, UFA SA

Chef du ressort bovin, UFA SA

En bref

  • Manquer le moment idéal pour la coupe entraîne un recul de la digestibilité.
  • Un fourrage de base présentant des carences ou des excès de nutriments ne peut être valorisé de manière optimale.
  • Une qualité élevée du fourrage de base et une bonne complémentation permettent d’optimiser l’ingestion de MS et ainsi, la production laitière.

La croissance des plantes fourragères passe par plusieurs stades, tels que la montaison, l’épiaison, la floraison ou la lignification, chacun ayant ses spécificités en termes de nutriments.

Le moment de la coupe est décisif

A mesure que la plante vieillit, les parois cellulaires s’épaississent pour stocker davantage de lignine, ce qui réduit proportionnellement le contenu cellulaire. La teneur en protéines brutes, situées principalement à l’intérieur des cellules, baisse également. Parallèlement, la proportion de tiges et de feuilles évolue avec l’âge de la plante. La teneur en nutriments facilement digestibles tels que les sucres diminue, tandis que celle des nutriments peu digestibles comme les fibres et la lignine insolubles dans les détergents acides (respectivement « acid detergent fiber » [ADF]) et « acid detergent lignin » [ADL]) augmente, réduisant la digestibilité globale de la plante. Manquer le moment optimal pour la coupe peut entraîner une perte significative de digestibilité, surtout pour la première pousse. Le moment de la fauche est donc déterminant pour la disponibilité des nutriments, ce qui se répercute sur l’appétibilité et sur l’ingestion de fourrage.

Viser un fourrage de base efficient

Pour déterminer l’efficience du fourrage de base, on mesure la quantité de lait produite par rapport à la quantité de fourrage de base ingéré : cette efficience est considérée élevée lorsqu’une vache peut produire une grande quantité de lait à partir d’une certaine quantité donnée de fourrage de base. Elle est notamment influencée par les facteurs décrits ci-dessous.

  • Qualité du fourrage de base :un fourrage de base de haute qualité, riche en nutriments digestibles et appétant, favorise l’ingestion.
  • Conversion alimentaire :la capacité de la vache à valoriser avec efficience les aliments dépend de sa génétique et de son état de santé. Les troubles digestifs et les maladies métaboliques peuvent altérer l’indice de conversion alimentaire, réduisant ainsi l’efficience du fourrage de base. Une vache en bonne santé peut ingérer davantage de fourrage et produire plus de lait.
  • Gestion de l’affouragement :une ration homogène prévient la sélection alimentaire. Elle doit aussi être distribuée de manière régulière tout au long de la journée pour éviter le stress et le manque de régularité.

Surveiller la qualité

La panse est l’organe digestif le plus important des ruminants. Son bon fonctionnement et l’exploitation du potentiel de la ration dépend de la flore ruminale, qui doit disposer de conditions idéales pour la fermentation.

Des analyses régulières sont indispensables pour surveiller la qualité du fourrage de base et adapter les rations en conséquence. Les analyses en laboratoire permettent d’attribuer des indices UFA W-FOS, basés sur les dernières connaissances scientifiques de Schothorst Feed Research.

L’évaluation d’une ration comprend la mesure de la quantité fermentescible (W-FOS = acronyme allemand pour matière organique vraiment fermentescible, MOVF). De plus, chaque aliment est classé en fonction de sa vitesse de fermentation – rapide, graduelle ou lente – tant pour les protéines que pour les hydrates de carbone.

Le système UFA W-FOS vise à fournir continuellement de l’énergie et des protéines aux microbes de la panse, assurant ainsi une disponibilité optimale des nutriments et une activité microbienne efficace.

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Une boîte à tamis permet de connaître la proportion des différentes fractions du mélange.

(Photo: UFA SA)

Complémenter en fonction du fourrage de base

La complémentation de la ration gagne en importance lorsque la qualité du fourrage de base n’est pas optimale. En effet, les ruminants ne peuvent valoriser correctement les fourrages de base présentant des carences ou des excédents de nutriments, ce qui peut entraîner une baisse de la productivité ou de la fécondité en raison d’un bilan énergétique négatif autour du vêlage.

Une bonne synchronisation de la panse favorise la digestibilité du fourrage de base.

Par ailleurs, le fourrage séché plus ancien contient moins de sucres et de protéines brutes. Moins appétant, il présente aussi une faible teneur en hydrates de carbone rapidement fermentescibles (HCRF). Or, si la ration en est pauvre, la flore ruminale manque d’énergie, tandis qu’une faible teneur en protéines brutes rapidement fermentescibles (PBRF) conduit à un apport insuffisant d’azote. Dans les deux cas, la productivité de la panse recule, le taux de passage ralentit, réduisant ainsi l’ingestion de matière sèche (MS) de même que l’efficacité du fourrage de base. L’efficience maximale du fourrage de base est atteinte lorsque les PBRF et les HCRF sont synchronisés dans la panse.

Cette efficience et la synchronisation de la panse sont donc étroitement liées : une bonne synchronisation favorise une bonne activité microbienne, améliore la digestibilité du fourrage de base et permet une meilleure valorisation des nutriments, rendant le fourrage de base plus efficient. En veillant à avoir un fourrage de base de qualité élevée et en assurant une complémentation appropriée, il est possible d’optimiser l’ingestion de MS et donc la production laitière. En tout état de cause, la collaboration entre les conseillers·ères en affouragement et les agriculteurs·trices est essentielle pour obtenir les meilleurs résultats et surmonter avec succès les difficultés rencontrées dans l’économie laitière moderne. 

Notre conseil

A prendre en compte lors de la complémentation …

… des rations peu digestibles

Cette année, l’affouragement d’hiver sera problématique dans de nombreuses exploitations, en particulier dans celles sans ensilage ou avec ensilage situées en zone de montagne. En effet, ces dernières n’ayant pu réaliser que tardivement la fauche destinée à produire du fourrage, il y a fort à parier que celui-ci présentera une proportion élevée en fibres – diminuant d’autant sa digestibilité – ainsi qu’une faible teneur en fourrage de base. Or une faible digestibilité péjore le taux de passage dans la panse et réduit l’ingestion de MS.

  • Selon toute vraisemblance, le lait produit affichera donc des teneurs importantes en matière grasse et la productivité laitière sera plus faible. Il s’agit d’améliorer la digestibilité de la ration totale en fournissant un aliment avec des parois cellulaires digestibles, qui favorisent les microbes dégradant les fibres et permettent ainsi de mieux valoriser la ration totale.
  • Si possible, le fourrage grossier devrait être complété par du fourrage fin et à base d’herbe jeune. Si cette option n’est pas possible, il est judicieux de compléter avec des pulpes de betteraves ou des granulés ad hoc affichant une teneur particulièrement élevée de parois cellulaires digestibles.
  • Il faut aussi accroître le taux de passage avec des aliments contenant des éléments énergétiques et protéiques rapidement fermentescibles, afin de maintenir une ingestion élevée de MS.
  • Utiliser un aliment complémentaire contenant des levures vivantes pour améliorer la valorisation du fourrage de base.

…des rations hautement digestibles

Dans les exploitations avec ensilage, les premières analyses montrent que l’ensilage d’herbe est souvent de bonne qualité, malgré des conditions météorologiques difficiles. Le démarrage précoce de la végétation, avec un ensoleillement important en mars et début avril, a eu un effet positif sur les teneurs en énergie. Pour ces rations, riches en HCRF, il est important de considérer les points suivants lors de la complémentation :

  • ralentir le taux de passage pour permettre la fermentation et l’assimilation des nutriments ;
  • compléter la ration avec des aliments riches en fibres ;
  • utiliser des substances tampons pour réduire le risque d’acidose ruminale.

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