Les mélanges fourragers incluant des plantes à cycle court pour une à deux années d’utilisation principale conviennent bien à la production fourragère intensive en rotation avec une faible proportion de grandes cultures. Moyennant un apport nutritif suffisant, il est ainsi possible de produire une grande quantité de fourrage de bonne qualité. Dans cette perspective, il est utile de s’interroger sur sa stratégie de culture fourragère pour savoir si tout le potentiel du site est utilisé.
S’adapter à la météo extrême
Les épisodes météorologiques extrêmes, de plus en plus longs et stables, sont un vrai problème. Ainsi, les longues sécheresses sont souvent suivies de périodes très humides, deux extrêmes mal supportés par différentes espèces de graminées et de trèfles. Pour pallier ces problèmes, il s’agit de semer de manière ciblée différents mélanges fourragers, aidant à diversifier ce type de culture et à réduire le risque de perte. Ce faisant, il faut considérer que si les mélanges résistants à la sécheresse sécurisent les rendements par temps sec, ils n’atteignent pas totalement le niveau de rendement et la qualité des mélanges à forte proportion de ray-grass lorsque les conditions sont optimales. Les mélanges incluant des plantes à cycle court et beaucoup de ray-grass ainsi que les cultures fourragères dérobées sont donc un complément utile pour exploiter tout le potentiel de rendement avec une météo favorable.
Avant, une prairie artificielle pluriannuelle suivait souvent deux cultures de maïs d’ensilage.
Alternatives au maïs sur maïs
La chrysomèle des racines du maïs limite un peu partout la culture du maïs sur maïs, contraignant les exploitations gardant des animaux sans culture céréalière à passer en rotation. Avant, une prairie artificielle pluriannuelle suivait souvent deux cultures de maïs d’ensilage. Aujourd’hui, ce n’est bien souvent plus possible. Cependant, des alternatives existent, comme cultiver un mélange de graminées l’année suivant le maïs, puis à nouveau du maïs. Selon le site concerné, il est conseillé de choisir des variétés de maïs précoce à moyennement précoce avec une récolte début septembre. Il reste ainsi assez de temps pour semer un mélange fourrager (comme UFA Ensil, UFA 230 CH ou UFA 240 CH, également adaptés à ce système à deux hivernages).
Facteurs de réussite des semis de prairie après maïs
En plaine et jusqu’à mi-septembre, les chances de réussite des mélanges de trèfles et graminées avec beaucoup de ray-grass semés après du maïs d’ensilage sont relativement bonnes. Cependant, toute erreur ou concession lors du semis peut avoir de graves conséquences, car un bon développement avant l’hiver ne sera possible que si les conditions sont favorables. De manière générale, un lit de semence très bien préparé offre aux plantes des conditions de départ idéales, la profondeur du semis devant être d’environ un centimètre – en aucun cas être plus faible. De plus, un roulage après le semis est obligatoire. Si les moyens techniques sont là, il est recommandé de semer en profondeur 60 - 70 % de la semence et de répartir le reste en surface au moyen du rouleau avec semoir. Les lignes de semis se voient ainsi moins longtemps et les graminées se développent densément et plus rapidement, avec une bonne couche herbeuse. Par ailleurs, un apport d’engrais au semis avec 30 kg d’azote (N) et un apport au démarrage au printemps suivant favorisent un bon développement des plantes juvéniles du mélange fourrager. Enfin, lorsque qu’aucune coupe de nettoyage ne peut être effectuée à l’automne, la première fauche au printemps ne doit pas avoir lieu trop tard.
Minimiser les risques, observer l’évolution
Les prairies tardives présentent le risque d’un développement insuffisant du trèfle et du pâturin des prés. Les ray-grass, qui germent rapidement, sont bien adaptés aux semis tardifs. Cependant, leurs repousses dans les cultures suivantes peuvent poser problème. Ainsi, dans certains cas, un semis au printemps est la meilleure option, bien que celle-ci ne soit pas sans risque. De manière générale, il est important de contrôler la prairie semée au printemps pour pouvoir si nécessaire resemer ou procéder à temps à des mesures correctives.
Choix ciblé des variétés et des mélanges
Le semis d’été demeure, dans la plupart des cas, la période la plus favorable pour l’implantation d’une nouvelle prairie. Pour les exploitations nécessitant beaucoup de fourrage et des rotations rapprochées (uniquement maïs et graminées), semer la prairie à l’automne avant mi-septembre après du maïs d’ensilage est une bonne option. Les mélanges à forte proportion de ray-grass à germination rapide comme UFA Ensil conviennent aux systèmes à deux hivernages. Avec trois hivernages et un bon apport en nutriments, le mélange UFA Central Highspeed MS est aussi intéressant. Il est aussi possible de combiner différents mélanges.
Limitation des rotations à cause de la chrysomèle des racines du maïs
La rotation culturale est un moyen efficace de lutter contre la chrysomèle des racines du maïs. Sa propagation est surveillée à l’aide de pièges, ce qui permet de définir la zone d’infestation concernée, où il est interdit de cultiver du maïs après du maïs (à l’exception du canton de Lucerne). La carte des zones infestées est disponible en ligne sur le site d’Agroscope.