Entrepreneurs en travaux agricoles
La plupart des entrepreneurs de travaux agricoles exploitent également leur propre domaine, ce qui leur permet d’utiliser leurs machines pour la plupart des travaux et de réaliser toutes les prestations demandées par les agriculteurs. Les surfaces consacrées aux grandes cultures varient selon les régions. Certaines régions à vocation céréalière comptent une forte proportion de terres ouvertes alors que d’autres régions sont majoritairement consacrées aux prairies. Les entrepreneurs en travaux agricoles sont surtout actifs au niveau régional et leur parc machines est donc adapté à la demande locale.
Mécanisation et entrepreneurs
Les entrepreneurs sont souvent des passionnés et sont parfaitement informés de tout ce qui a trait à la technique agricole. L’entretien et les réparations sont un critère important pour une entreprise travaillant avec des machines souvent très perfectionnées. Beaucoup d’entrepreneurs disposent de leur propre atelier et réalisent eux-mêmes une grande partie des travaux d’entretien et de réparation de machines.
Les entrepreneurs choisissent souvent une marque en fonction de sa fiabilité. Il est toujours désagréable de tomber en panne et ce d’autant plus que les travaux concernés doivent être réalisés pour des tiers et que le temps presse. Le service après-vente est le second point évoqué par les entrepreneurs consultés. Toujours en cas de panne, lorsque la réparation ne peut pas être effectuée sur place, un service de dépannage rapide et efficace est indispensable. Chez les entrepreneurs, on assiste à une certaine standardisation. Les entreprises de travaux agricoles utilisent souvent une seule marque de tracteur. Le personnel a alors moins de mal à s’adapter au nouveau véhicule, l’intérieur du véhicule et les commandes étant assez semblables.
«La fiabilité et la boîte à vitesse Vario ont été un critère de choix décisif. Nous réalisons beaucoup de travaux de fauche. La boîte Vario est un avantage pour ce genre de travaux: il est ainsi possible de tourner en bout de parcelle en maintenant les tours au moteur, mais sans arracher le gazon. Chez Fendt, la disposition des commandes est assez similaire, quel que soit le modèle», précise Frédéric Petermann, entrepreneur à Lignerolle. «Par contre, le choix de la marque se pose pour chaque machine et le fait d’utiliser les tracteurs d’une marque et la moisson-neuse-batteuse d’un autre fabricant ne pose pas de problème», affirme Frédéric Petermann, interrogé par la Revue UFA.
Frédéric Petermann exploite un domaine agricole et gère une entreprise de travaux agricoles en Sàrl avec son fils. La quasi-totalité des travaux agricoles (grandes cultures, prairies) est effectuée avec le parc machines de l’entreprise. Chez les Petermann, six tracteurs sur les huit sont équipés du GPS. Cette technologie permet d’améliorer la précision d’épandage (lisier) et des traitements. L’entreprise est spécialisée dans l’épandage du lisier, du fumier et du digestat de la station de biogaz que Frédéric Petermann exploite en association avec son fils et la Romande Energie.
Dans la plaine du Rhône à Aigle, Jean-Luc Mayor est agriculteur et entrepreneur de travaux agricoles. Il préside également la section vaudoise de l’ASETA. La fiabilité des machines et le service après-vente sont essentiels. «Une machine peut tomber en panne, mais il ne faut pas que cela dure longtemps. Les relations entre l’entrepreneur et son client impliquent une grande confiance réciproque. L’agriculteur doit avoir la certitude que les travaux demandés seront réalisés de manière professionnelle par l’entrepreneur», explique Jean-Luc Mayor en faisant visiter le parc machines et l’atelier.
En raison de son mandat à l’ASETA, Jean-Luc Mayor est parfaitement conscient des prescriptions légales concernant les transports et les trajets sur route et défend les intérêts des agriculteurs dans ce domaine. Il est également engagé dans des projets locaux comme une production de farine 100% de la région d’Aigle et transformée dans une boulangerie de la ville. Son parc machines lui permet de réaliser la totalité des travaux agricoles. Jean-Luc Mayor réalise beaucoup de transports de céréales et de maïs qu’il peut sécher et stocker sur son exploitation.
Les travaux
Les demandes de travaux aux entrepreneurs dépendent de l’organisation, de la structure et de la mécanisation dont l’agriculteur dispose. Tous les cas de figure sont possibles. Sur une exploitation plutôt viticole, l’agriculteur peut s’occuper des travaux liés à la vigne et externaliser les travaux concernant les grandes cultures. Il arrive également que l’exploitant pratique une activité annexe et qu’il mandate une entreprise pour réaliser une partie des travaux. Les entreprises de travaux agricoles sont souvent appelées pour des interventions nécessitant une machine spécifique comme pour le semis direct, strip-till, automotrice pour la récolte des betteraves ou de pommes de terre et bien entendu pour la mois-sonneuse-batteuse.
Il existe plusieurs façons de réaliser les travaux sur son exploitation: • utiliser sa propre machine • louer une machine • acheter une machine à plusieurs • faire réaliser les travaux par l’entrepreneur.
Dans tous les cas de figure, il est indispensable de bien calculer les coûts, comme lors de l’achat d’une nouvelle machine ou du remplacement d’une machine de son propre parc. Il existe aussi plusieurs manières de diminuer les coûts pour une machine: réaliser plus d’heures, travailler une plus grande surface (pour des voisins), voire achat d’une machine d’occasion.
Lors de ces calculs, le but consiste à évaluer le point d’équilibre entre les coûts de location et les coûts d’achat, appelé le seuil d’achat (tableau 1).Celui-ci désigne la surface ou le nombre d’heures d’utilisation à partir duquel il est plus avantageux d’acheter une machine plutôt que de la louer. Agroscope a mis au point un tableur Excel «TractoScope». Ce programme permet de calculer soimême les indemnités de machines à demander, de définir le seuil d’achat ou encore d’établir des décomptes pour des machines en commun. Pour les coûts de machines, plusieurs organismes comme l’ASETA/SVLT renvoient aux données d’Agroscope, qui sont remises à jour chaque année.
Un dernier point à ne pas sous-estimer est le côté émotionnel lors d’un achat. La technique, les prix et la rentabilité sont absolument essentiels, mais force est de constater que les contacts et la confiance entre l’acheteur et le vendeur ont aussi leur importance. En règle générale, il est plus avantageux de faire appel à une entreprise de travaux agricoles pour les machines très onéreuses plutôt que de les acheter soi-même. Car l’entrepreneur bénéficie d’un degré d’utilisation annuelle nettement plus élevé.
AuteurJean-Pierre Burri, Revue UFA, 1510 Moudon