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Produire plus avec moins d’intrants

L’association AgroCO2ncept teste sur le terrain des méthodes permettant de produire en préservant le climat. Elle souhaite être active en politique pour participer à la définition des conditions cadres.

Toni Meier gère un domaine de 39 ha en communauté d’exploitation dans le Flaachtal (ZH).

Toni Meier gère un domaine de 39 ha en communauté d’exploitation dans le Flaachtal (ZH).

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Responsable de la communication, mooh société coopérative

Produire en ménageant le climat

Participer activement au jeu politique: c’était et cela reste un des objectifs de l’association AgroCO2ncept. En 2010, Toni Meier, agriculteur et actuel président de l’association, avait réuni des agriculteurs innovants de la région zurichoise du Flaachtal pour discuter de sa vision. Il voulait modifier le mode d’exploitation pour stocker du CO2 dans le sol et, à l’origine, se lancer dans le commerce des certificats d’émission. « Nous avons malheureusement dû constater que la surface agricole utile était exclue du commerce des certificats », raconte-t-il. Il manquait en effet la preuve scientifique que le sol stocke du CO2 durant plus de 100 ans. De plus, le prix des certificats ayant connu une chute brutale, l’intérêt de l’idée d’origine aussi.

Il n’en demeure pas moins que le climat était un sujet cher à Toni Meier et à ses collègues. Il existe en effet plusieurs possibilités de produire en le ménageant. « Il ne s’agit en aucun cas de produire moins. Notre but est d’augmenter, ou au moins de maintenir la quantité d’énergie produite en réduisant la quantité d’énergie dépensée », explique Toni Meier. Au départ, des bureaux de conseil ont élaboré des mesures en se basant sur la théorie existante. Elles ont été évaluées par les paysans participants au cours d’une deuxième étape. Quelles étaient les mesures applicables ? Quelles sont celles qu’ils auraient mises en œuvre eux-mêmes ? Et leurs voisins ? On en a alors déduit 39 mesures, appliquées à l’époque sur onze exploitations (voir encadré).

Sous-semis

Sur son exploitation, par exemple, Toni Meier pratique le sous-semis. Cette technique améliore la fertilité des sols et la décomposition du couvert fertilise ces derniers. On peut ainsi économiser de l’engrais et créer de l’humus, si bien que du CO2 est stocké dans les huit premiers centimètres du sol, au profit du bilan climatique. Toni Meier pratique également le semis sous litière, si bien que ses sols ne sont plus retournés, mais conservés dans les 8 cm supérieurs. En théorie, la teneur en humus augmente ainsi de 10 % en cinq ans et chaque hectare stocke environ 13 t de CO2. La réduction du travail du sol est une des mesures soutenues dans le cadre du programme d’utilisation durable des ressources de l’Office fédéral de l’agriculture. « Nous recevons un soutien financier et technique pour onze de nos mesures », ajoute l’agriculteur de 59 ans.

Ces onze mesures font l’objet d’un suivi de la recherche scientifique. Il faut en effet découvrir lesquelles sont les plus profitables au climat, également dans le cadre de la politique agricole. « Nous avons notamment démarré notre projet pour que les mesures soutenues soient testées sur le terrain, car nous voulons participer activement au débat politique », commente Toni Meier.

Quelques mesures parmi d’autres (non exhaustif)

• Epandre de façon plus précise le purin avec des rampes à pendillards et les engrais solides avec des épandeurs de précision réduit le lessivage et l’évaporation d’azote d’environ 30 %.  • Travailler le sol sans labour et avec semis direct le sol est conservé. Sa teneur en humus augmente: avec 10 % de croissance en cinq ans, environ 13 t de CO2 sont stockées par hectare.  • Eviter les zones pauvres en oxygène en veillant à ce que les sols soient propres et secs à l’étable et en assurant un bon climat d’étable forte réduction du processus de dénitrification et de la production de gaz hilarant, dont l’effet sur le climat est 298 fois supérieur à celui du CO2.  • Planter des arbres dans la SAU aux endroits appropriés réduction du risque d’érosion et stockage de CO2: avec la croissance des arbres, le CO2 est stocké pour 40 à 60 ans (jusqu’à 100 kg de CO2 par arbre et par an). S’il est utilisé ensuite comme bois de feu, il remplace des combustibles fossiles.

Formule 20/20/20

Les trois préoccupations principales de l’association AgroCO2ncept peuvent être résumées par la formule 20/20/20 (voir graphique):

Moins 20 % d’émissions de CO2via les économies de ressources, le stockage du carbone et la production d’énergie renouvelable dans une agriculture préservant le climat.

Moins 20 % de dépensesvia des réductions de coûts, des synergies et des gains d’efficience du côté de la production.

Plus 20 % de création de valeurvia l’acquisition et le transfert de connaissances, la vente de produits préservant le climat, le commerce de certificats et la meilleure image dont bénéficient les participants et la région.

Le projet dure jusqu’en 2022.

Vue d’ensemble

Pour Toni Meier, il est important de considérer l’ensemble de l’exploitation. L’analyse de deux exploitations pratiquement identiques peut en effet livrer des résultats totalement différents. « Un petit processus de travail, logique pour le chef d’exploitation qui a toujours fait ainsi, peut avoir de grands effets sur le climat. Au sein de notre association, nous appliquons le principe des six yeux: le vulgarisateur, le calculateur du bilan climatique et le chef d’exploitation », explique Toni Meier. La multiplication des regards permet ainsi d’éviter l’aveuglement interne. « Cela peut être très efficace. Mais à la fin, c’est le chef d’exploitation qui doit décider ce qui est fait ou modifié, puisque c’est lui qui définit l’orientation stratégique de l’exploitation », conclut Toni Meier.

Maintenir la production

L’association AgroCO2ncept est clairement opposée à une réduction de la production. Produire en préservant le climat ne veut en effet pas dire produire moins. Une exploitation allaitante de l’association pourrait réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % en distribuant plus de concentrés, de manière à ce qu’une vache produise suffisamment de lait pour nourrir trois veaux. Un investissement en énergie légèrement supérieur permet ainsi de produire encore plus d’énergie. Dans ce cas, deux vaches (au lieu de trois) suffisent pour nourir six veaux. La production de méthane diminue d’autant.

L’exploitation Meier

Toni Meier s’est converti à l’agriculture biologique en 2010 pour plusieurs raisons: bonne plus-value, rentabilité, création d’humus et donc meilleure qualité des sols. Il cultive 39 ha au sein d’une communauté d’exploitation. 31 ha sont consacrés aux grandes cultures (blé, orge/pois, tournesol, maïs et prairie artificielle [6 ha]). Les 8 ha restants sont des surfaces de compensation écologique, dont la quasi-totalité sont en réseau. L’exploitation est regroupée et les champs sont rectangulaires. « Le fait d’avoir affecté certaines surfaces à des mesures écologiques nous permet de disposer de champs rectangulaires. Nous avons calculé les frais de machine et de main-d’œuvre nécessaires à l’exploitation de surfaces difformes. Il en est ressorti que sur 20 ans, il est plus rentable d’utiliser les bords de champ en tant que surfaces de compensation écologique », explique l’agriculteur, qui mise aussi sur une bonne image.

Avec des éléments écologiques comme les arbres ou les haies, on valorise le paysage. L’Irchel, par exemple, est un endroit parfait pour conférer à l’agriculture suisse une image positive et durable. 

AuteureGabriela Küng, Revue UFA, 8401 Winterthour

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