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Gestion

Etudier toutes les options possibles

Alors que le marché et la technique évoluent, les exploitations agricoles doivent sans cesse se réinventer. Parfois, il est temps de prendre un virage, comme chez les Hermann après la dissolution de leur communauté d’exploitation. Pendant tout le processus de réflexion, la famille a constaté qu’une telle décision reposait sur de nombreux critères.

Beat et Claudia Hermann

Beat et Claudia Hermann avec leur troupeau en arrière-plan.

(Gabriela Küng)

Publié le

Actualisé le

Responsable de la communication, mooh société coopérative

Beat et Claudia Hermann gèrent un domaine agricole familial à Risch, dans le canton de Zug. Un an auparavant, les Hermann faisaient encore partie d’une communauté d’exploitation. La dissolution de cette dernière les a obligés à réfléchir à comment gérer leur domaine à l’avenir.
Situation initiale
Jusqu’à la fin 2017, l’exploitation de la famille Hermann faisait partie d’une communauté d’exploitation (CE) regroupant trois familles. Au cours des 18 ans d’existence de la CE, les partenaires ont pratiqué plusieurs branches d’exploitation, dont la pension pour chevaux ou les travaux pour tiers. La CE pratiquait également la production laitière avec 70 vaches laitières et 35 unités de  jeune bétail. L’étable des vaches laitières était située sur le domaine de la famille Hermann. Récemment, un des partenaires de la CE a décidé de se lancer dans une nouvelle activité et de quitter la CE. Suite à cela, la communauté d’exploitation a été dissoute à la fin 2017.
Quelle branche de production ?
La famille Hermann était sûre de vouloir continuer à pratiquer une activité agricole. La question était désormais de savoir sous quelle forme. « Nous ne voulions plus traire. En l’absence de la communauté d’exploitation et des remplacements qui y sont fixés pour le dimanche, la production laitière est contraignante », explique Beat Hermann. Oswald Arnold, spécialiste en bovins chez UFA pour les cantons de Zoug et de Schwyz, est le conseiller en affouragement de Beat Hermann. «Il connaît son exploitation mieux que quiconque et s’est posé les bonnes questions», affirme Oswald, qui a mis la famille en contact avec différents spécialistes d’UFA. Les Hermann ont ainsi envisagé plusieurs branches d’exploitation, s’intéressant d’abord à l’engraissement de poulets, mais constatant rapidement qu’ils ne disposait pas, à ce moment-là, d’un acheteur approprié.

Le revenu ne fait pas tout
La famille a ensuite envisagé les poules pondeuses. « Si nous nous étions lancés dans cette production, nous serions passés en bio. En conventionnel, il est en effet très difficile d’obtenir un permis de construire », explique Beat Hermann. Il a ensuite visité plusieurs poulaillers avec le spécialiste volaille d’UFA SA. Le projet prévoyait d’édifier un poulailler pour 2000 poules pondeuses et un poulailler pour 4000 poulettes d’élevage. Les coûts de construction étaient de l’ordre de 700 000 à 800 000 francs par poulailler. Selon  les calculs d’UFA, le salaire horaire aurait été de 30 francs environ, avec  un amortissement sur 20 ans pour les bâtiments. « C’était un bon projet, mais comme nous venions de rénover la maison, nous ne voulions pas nous endetter davantage. Nous avons également constaté que nos enfants ne débordaient pas d’enthousiasme pour cette branche de production », explique le chef d’exploitation de 49 ans.
Forte dépendance au marché
La famille Hermann s’est alors penché sur l’engraissement de taureaux. Beat Hermann a de nouveau visité plusieurs étables. Les coûts ont été calculés, l’étable planifiée. En pratiquant l’engraissement de taureaux, la famille Hermann aurait été plus flexible qu’avec la production laitière. Presque tout plaidait en faveur de cette activité. Mais l’acquisition des veaux maigres s’annonçait problématique en raison du nombre décroissant de vaches en Suisse. La rentabilité de cette branche n’était pas toujours évidente selon les saisons. Le projet est parti en fumée.
Réflexion approfondie
Les Hermann se sont aussi intéressés à l’engraissement porcin mais les coûts auraient été trop élevés, surtout sur un marché déjà saturé. Outre les critères commerciaux, les époux Hermann ont toujours placé la vie familiale au centre de leurs préoccupations. Leur objectif consistait donc à maintenir le domaine « à jour », pour éviter qu’il faille tout remplacer en une fois, toujours dans la perspective d’une reprise éventuelle de l’exploitation par Silvan (15) ou Sarina (13). 

L’amour des vaches
Après des discussions approfondies en famille, les enfants ont commencé à s’intéresser encore davantage aux
vaches. Malgré les doutes initiaux vis-à-vis de la production laitière, les Hermann ont commencé à y voir également des avantages: l’étable existait déjà et cette solution était celle qui nécessitait le moins d’investissements. Mais c’était sans doute aussi l’alternative qui générait le revenu le plus faible. « Je pense que le marché du lait va aller plutôt mieux », déclare Oswald Arnold. Malgré le nouvel enthousiasme pour les vaches laitières, la famille Hermann était consciente qu’il fallait changer quelque chose. Pour Beat Hermann, cela ne faisait aucun doute: il fallait acquérir un robot de traite.
Profiter des avantages
« Avec un robot de traite, je table sur un gain de temps de travail de 50 % environ en ce qui concerne la traite », explique Beat Hermann. L’objectif consiste à économiser une heure de travail par jour. Grâce au robot, les Hermann ne sont plus tenus par des horaires fixes. « Mais pour pouvoir réellement gagner du temps et avoir le sentiment d’être plus libre, il est essentiel d’avoir confiance en son robot de traite », explique Beat Hermann. « Il est toutefois primordial d’analyser attentivement les données fournies, pour pouvoir agir en conséquence », précise Oswald Arnold. Les nombreuses données récoltées permettent au chef d’exploitation de voir quelles sont les vaches à problèmes et de les suivre.
Prise de décision
Dès qu’il est apparu clairement qu’ils souhaitaient continuer à pratiquer la
production laitière et investir dans un robot de traite, les Hermann ont dû choisir une marque de robot. « Nous avons opté pour un robot de la marque DeLaval, notamment parce que l’agent se trouve à proximité », explique Beat Hermann. Le dernier modèle, le V300, a été installé à la fin octobre. « La technique d’accrochage des gobelets trayeurs est plus rapide et plus précise que sur les modèles précédents », précise-t-il. Pour assurer une bonne accessibilité, Beat Hermann a sacrifié trois logettes  et prolongé le bâtiment. « Il est essentiel de disposer d’une aire d’attente assez large autour du robot, pour que les vaches de rang inférieur puissent également accéder au robot lorsqu’une vache de rang supérieur bloque l’accès. »
La qualité de vie prime
L’installation totale a coûté quelque 270 000 francs à la famille Hermann.  Selon ses calculs, l’investissement devrait pouvoir être amorti en 15 ans. Les Hermann étaient parfaitement conscients que la décision d’investir dans la production laitière ne serait peut-être pas la solution la plus rentable. « Mais à nos yeux, il était plus important d’investir dans la qualité de vie: le temps de travail baisse, la charge sur la santé diminue et nous sommes plus détendus lorsque nous partons en excursion », explique Beat Hermann. « Nous n’avons plus le sentiment de devoir être de retour à la ferme à l’heure précise de la traite », ajoute Claudia. L’objectif est toutefois clair: il s’agit d’atteindre une production laitière de 8500 kg. « Nous voulons avoir des vaches productives », conclut le chef d’exploitation.

Portrait  d’exploitation

Famille Hermann

Animaux: 54 vaches laitières, 15 génisses

Surface: 32 ha de SAU, dont 2 ha de colza,
2 ha d’épeautre et 6 ha de maïs ensilage

Main d’œuvre: Beat Hermann, Claudia Hermann à 40 % sur l’exploitation (60% à l’extérieur) et René, le frère de Beat, lors des pics de travail

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Oswald Arnold (à g.), conseiller UFA, et Beat Hermann dans l’étable, à l’endroit où est désormais installé le robot de traite.

Tipp  Tenir compte de nombreux critères

D’une manière générale, on considère que la planification d’une exploitation est un processus continu et permanent. Lorsque la famille du chef d’exploitation doit ou souhaite changer quelque chose, il faut qu’elle ait assez de temps pour prendre une décision. En effet, à partir du moment où la restructuration envisagée est de grande ampleur, il s’ensuit généralement des investissements conséquents qui seront amortis sur le long terme.

Quand la famille du chef d’exploitation se pose des questions sur la gestion de l’exploitation à l’avenir, il est recommandé d’analyser plusieurs alternatives de manière approfondie et professionnelle. A cette occasion, plusieurs critères doivent être pris en compte:

Au niveau personnel: que souhaite la famille? Quelles sont ses compétences et ses centres d’intérêt? La famille apprécie-t-elle le travail envisagé ? Est-il prévu que l’exploitation soit remise dans un avenir proche, et la nouvelle branche d’exploitation envisagée cor-respond-elle aux aspirations de la future génération ?

Technique de production: Dans quelle mesure les investissements auront-ils une incidence sur le temps de travail ? Quel sera l’impact de la nouvelle branche d’exploitation sur la santé ? Est-ce qu’il en résulte un bienfait pour la santé ou faut-il encore réaliser des améliorations dans ce domaine ?

Finances: quel sera le revenu futur ? Quelles sont les opportunités commerciales actuelles et futures pour le produit ? Comment les investissements envisagés seront-ils financés ? Les fonds propres sontils suffisants ou faut-il prévoir une source de financement externe ? (voir page 12)

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