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Production animale

Gérer la phase de lactation - La vache la plus importante de l'étable

Une lactation réussie commence pendant la phase tarie. Grâce à une alimentation équilibrée et un concept clair, il est possible d’optimiser la santé et la performance des vaches.

Gérer la phase de lactation - La vache la plus importante de l'étable

Publié le

Chef du secteur marketing, UFA SA

Collaborateur commercial agricole, coopérative LANDI Aachtal

 

En bref

  • Une alimentation ciblée en phase tarie réduit le risque de maladies métaboliques lors de la lactation suivante.
  • Les exploitations veillant au BACA et à une consommation accrue de MS en phase tarie ont des productions laitières plus élevées.
  • Le BACA de la ration totale devrait se situer entre – 50 et + 150 mEq au cours des trois semaines précédant le vêlage.

Un concept de phase tarie bien planifié présente de nombreux avantages, à la fois pour la santé des vaches et pour la rentabilité de la production laitière. Le premier objectif de la gestion de la phase tarie est de préparer la vache de manière optimale au début de la lactation. L’accent est mis sur une consommation de fourrage aussi élevée que possible et sur la prévention de la fièvre de lait.

Créer des conditions optimales

En ce qui concerne la garde de vaches taries, de nombreuses exploitations ont des conditions différentes. Certains points devraient être toutefois toujours respectés : un lit mœlleux, des surfaces de couchage suffisamment larges avec un grand espace de balancement au niveau de la tête, un refroidissement pendant les mois chauds de l’été ainsi qu’une hygiène irréprochable dans l’étable. L’essentiel est que les vaches taries puissent être nourries séparément. C’est la seule façon de mettre en œuvre des mesures ciblées pour encourager la consommation de matière sèche (MS) et prévenir la fièvre de lait. Dans l’idéal, les vaches taries sont gardées dans un système de stabulation libre en deux groupes : « far-off » (plus de trois semaines avant le vêlage) et « close-up » (moins de trois semaines avant le vêlage). Même si cela augmente l’espace et l’installation nécessaires, cet investissement en vaut la peine lors de la construction d’une étable.

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Pendant la phase tarie, les tissus de la mamelle se régénèrent, les infections disparaissent et la production de colostrum démarre.

Connaître les aliments de base

Le bilan alimentaire cations-anions (BACA) dans la ration de la vache tarie constitue une aide. Si le BACA est abaissé de manière ciblée dans la ration pendant la phase tarie, le niveau métabolique de la vache devient légèrement acide, ce qui favorise l’absorption du calcium dans l’intestin et la délocalisation du calcium des os vers le sang. Ainsi, la vache peut mieux couvrir les besoins élevés en calcium dus au vêlage et le risque de fièvre de lait diminue. L’objectif est d’abaisser le BACA de la ration totale pour qu’il se situe entre – 50 et + 150 mEq au cours des trois dernières semaines avant le vêlage (phase close-up). Cependant, l’herbe conservée a une valeur BACA comprise entre 200 et 700 mEq en Suisse. L’une des raisons pour lesquelles les fourrages verts suisses présentent des valeurs BACA élevées est leur forte teneur en potassium. Dans l’herbe conservée, des teneurs supérieures à 30 g de potassium par kg de MS sont fréquentes. C’est souvent un obstacle à la correction du BACA lorsqu’une part importante de foin ou d’ensilage d’herbe est distribuée pendant la phase tarie. La valeur BA-CA peut être déterminée dans le fourrage de base par une analyse en laboratoire.

Ration diluée

De nombreuses exploitations diluent la ration des vaches en lactation avec de la paille et l’utilisent comme ration de phase tarie. La prudence est toutefois de mise : pour les rations fortement tamponnées, la dilution ne suffit pas à faire baisser suffisamment le BACA. Les tampons ruminaux ont un BA-CA très élevé et augmentent donc celui de la ration totale. Pour les rations diluées, l’apport en minéraux doit donc être calculé le plus précisément possible. La dilution des rations est une stratégie qui peut aussi bien fonctionner pour les petites exploitations.

En pratique, la ration est mélangée chaque jour avec de la paille hachée ou des balles d’épeautre manuellement à la fourche. Il est ainsi possible de mélanger facilement et efficacement une ration pour une ou deux vaches. Si les analyses de l’alimentation montrent que le BACA doit encore être abaissé, des aliments liquides contenant des sels acides peuvent être mélangés. Dans la RTM, ce sirop est volontiers consommé. Dans les systèmes avec fourrage sec et sans mélangeuse, l’utilisation d’un sirop BACA de ce type est moins appropriée. Si la correction du BACA n’est pas possible en raison de l’alimentation de base disponible, l’apport en calcium doit être régulé (entraînement au calcium). Là encore, il faut connaître la teneur en minéraux du fourrage de base afin de proposer une ration la plus pauvre possible en calcium.

Près de + 1000 kg de lait par vache

Un travail de diplôme réalisé en 2025 au Strickhof a étudié l’impact des stratégies d’alimentation pendant la phase tarie sur les performances et le métabolisme pendant la lactation suivante, en se basant sur les données de 87 exploitations participant au programme UFA Herd-Support (UHS). Les résultats montrent des différences significatives dans les performances de lactation : les exploitations ayant un concept de phase tarie clair ont obtenu en moyenne environ 1000 kg de lait de plus par vache et par an que les exploitations distribuant une alimentation sans ensilage ou n’utilisant pas d’alimentation en phase tarie ciblée. Même là où les vaches en lactation et les vaches taries reçoivent la même ration, la production laitière est plus faible.

Les sels acides aident à réduire le risque de fièvre de lait.

Les exploitations laitières misant sur une stratégie de phase tarie ciblée (voir illustration, stratégie 3) atteignent en moyenne environ 39 kg de lait par jour les 100 premiers jours. La stratégie 3 regroupe toutes les exploitations qui réduisent de manière ciblée le BACA ou mettent l’accent sur une consommation maximale. En revanche, lorsque les vaches taries sont nourries avec la ration des vaches en lactation (stratégie 1) ou avec un fourrage sec à faible teneur énergétique (stratégie 2), les performances sont nettement plus faibles (34 et 35 kg par jour environ).

En outre, la fréquence de la cétose a été enregistrée à l’aide des données de l’EPL de la lactation suivante. Le rapport matières grasses / protéines (RGP) dans les 100 premiers jours de lactation en était la base, une valeur > 1,45 étant considérée comme une suspicion de cétose. Là aussi, on constate que les animaux des stratégies 1 et 2 ont été plus souvent touchés que ceux des exploitations avec concept UFA phase tarie.

La fréquence de la fièvre de lait a aussi été enregistrée avec un questionnaire. Les exploitations nourrissant leurs animaux de manière ciblée avec un concept phase tarie ont moins d’animaux atteints de fièvre de lait après le vêlage. Les exploitations sans un concept de ce type ont été les plus touchées. Dans la pratique, il ressort clairement : une gestion optimale de la phase tarie accroît les performances ainsi que la santé des animaux et par conséquent la rentabilité globale de l’exploitation. 

Notre conseil

Comment déterminer la valeur BACA ?

Détermination des minéraux à partir de l’analyse des fourrages grossiers :

  • Très précis, mais plutôt coûteux.
  • Les valeurs du tableau fournissent peu de résultats pertinents pour les ensilages d’herbe et le fourrage sec, car elles sont soumises à de fortes variations.

Détermination du pH urinaire à l’aide d’un bâtonnet de mesure du pH :

  • Le pH urinaire des vaches taries doit se situer entre 7,5 et 7,8 deux semaines avant le vêlage.
  • Si le pH urinaire est supérieur à 8, le BACA dans la ration est trop élevé et il y a un risque accru de fièvre de lait.
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