A 31 ans, Daniela Keller a repris intégralement la ferme Grünhof de ses parents, située à Amlikon-Bissegg. Son mari a rejoint l’exploitation un an plus tard. Leur premier enfant a vu le jour récemment. « J’ai toujours voulu reprendre la ferme », déclare l’agricultrice. « Mais la route a été tortueuse. »
Répartie sur deux sites et exploitée selon les directives Demeter, la ferme Grünhof repose sur des bases solides. Ses activités couvrent la production laitière, la reproduction de semences et les grandes cultures (épeautre et maïs). S’ajoutent la culture des carottes destinées au commerce de gros et des légumes commercialisés en vente directe ainsi que la production fruitière avec arbres à haute tige.
Une reprise qui n’a pas été sans détours
Dès sa petite enfance, Daniela Keller a su qu’elle souhaitait reprendre la ferme un jour. La route a cependant été tortueuse, avec des déviations de parcours. Au lieu de suivre un apprentissage agricole, Daniela a obtenu son certificat de maturité avant d’entamer des études à l’EPFZ. Quand son père est tombé malade, elle a fait pendant des années la navette entre les amphithéâtres et la salle de traite.
Daniela Keller, Cheffe d’exploitation, 8514 Amlikon-Bissegg (TG)
« La diversité limite les risques : si un secteur s’affaiblit, les autres prennent le relais. »
Année de reprise de la ferme : 2023 (en 2018, comme communauté d’exploitation entre générations) | Production laitière, grandes cultures, cultures maraîchères et fruitières, vente directe | Demeter | 32 ha de SAU | Activité à plein temps | Master en agronomie
« Mes études ont duré plus longtemps que prévu, car on avait besoin de moi à la ferme », dit-elle avant d’ajouter : « C’était dur, mais faire les deux m’apportait un certain équilibre. » Dès 2018, elle a rejoint la direction de l’entreprise et fondé une communauté d’exploitation entre générations. Trois ans plus tard, elle obtenait son master.
Une diversité stratégique
La ferme Grünhof est une exploitation mixte classique. Outre 45 vaches laitières issues de l’élevage sur site, Daniela Keller et son époux gèrent environ huit hectares dédiés aux grandes cultures. La ferme produit également beaucoup de légumes : quatre hectares sont consacrés à la culture de carottes, et Daniela Keller fait pousser près de 40 variétés de tomates sous tunnel. D’autres cultures maraîchères très diversifiées prospèrent et sont commercialisées en vente directe à travers la plateforme SaisonBox et son système d’abonnement. S’y ajoutent encore 200 arbres à haute tige, donnant surtout des fruits à cidre, des châtaigniers et des noyers.
La diversité est importante pour la directrice. non seulement au sein de l’entreprise, mais aussi d’un point de vue stratégique. « La diversité permet d’amortir les risques : en cas d’affaiblissement d’un secteur, les autres prennent le relais. »
Des stéréotypes à la réalité
Daniela et Marco Keller se répartissent clairement les tâches à la ferme : elle gère l’étable, les animaux et la vente directe, tandis que son mari se charge des grandes cultures, des légumes et des aspects techniques. Ils bénéficient tous deux du soutien d’un apprenti, des parents et des beaux-parents de Daniela. En particulier, le couple peut compter sur le père de Marco, qui prête main-forte à la ferme depuis le congé maternité de Daniela.
« Après mon accouchement, durant les premiers mois, j’ai été complètement absente de la direction de l’exploitation », ditelle. « Mon fils avait besoin de moi. » Pendant cette période, son mari a assumé beaucoup de choses, dans le travail mais aussi aux yeux du public. « J’ai sous-estimé à quel point je serais absente de l’exploitation au début », précise Daniela.
Une ferme entre de nouvelles mains
En 2025, la nouvelle série du LID met l’accent sur des chef·fes d’exploitation qui développent leur exploitation et se lancent de nouveaux défis.
Soutien et outils concernant le travail de relations publiques sur le site www.lid.ch/baeuerinnen-und-bauern (en allemand uniquement).
Série en ligne
Les onze articles de la série sont disponibles dans le dossier en ligne de la Revue UFA « Une ferme entre de nouvelles mains ».
Daniela Keller parle ouvertement de l’équilibre entre vie de famille et responsabilité de direction – ainsi que des vieilles idées reçues. « Les représentants demandent systématiquement à voir le ’chef’, même quand je suis juste à côté », dit-elle.
Daniela Keller, Cheffe d’exploitation« Je suis les deux par conviction : à la fois cheffe d’exploitation et maman. »
Bien souvent, le fait que Daniela soit la cheffe d’exploitation n’est pas intégré. Depuis que Marco travaille avec elle, le monde extérieur la perçoit davantage comme une simple agricultrice. « Je suis les deux par conviction : à la fois cheffe d’exploitation et maman. Mais cela échappe à beaucoup de gens. »
Maintenir la diversité, améliorer les infrastructures
Pour l’avenir, la jeune cheffe d’exploitation souhaite maintenir la diversité de l’entreprise et investir dans les infrastructures. Concrètement, elle prévoit la construction d’un nouveau hangar à machines, afin de réduire les trajets entre les deux sites de la ferme. « Nous perdons du temps au quotidien sur la route, et ce temps nous fait défaut pour d’autres choses », explique Daniela. Des travaux sont également prévus pour l’élevage de veaux. « Les directives Demeter prescrivent le sevrage des veaux à la ferme à partir de 2030. Cela impose de nouvelles solutions. »
Malgré les défis à relever, Daniela envisage l’avenir avec confiance. « Je veux être à la tête d’une entreprise écologique, diversifiée et résiliente, dans laquelle je peux opérer à la fois en tant que mère et cheffe d’exploitation. »







