Une ferme aux portes de Zurich

Le parcours de Jann et Aline n’a rien d’un long fleuve tranquille. Avant d’arriver au Leimbihof, ils affermaient une exploitation à Davos. A la suite d’une reprise intrafamiliale, les deux parties ont décidé de résilier le contrat plus tôt que prévu. Pour le couple, une chose était sûre : plus question d’investir temps et argent sans perspective à long terme.

Un parcours semé d’embûches

Chercher une nouvelle exploitation n’a pas été une sinécure. Impossible pour Aline et Jann d’acheter : « Nous nous serions endettés sur plusieurs générations. » Ils se sont donc concentrés sur les affermages avec un bailleur public ou institutionnel (commune, ville ou église). Ils ont alors vu l’avis de la ville de Zurich pour le Leimbihof.

Une offre alléchante, mais une candidature laborieuse, requérant une étude d’exploitation. « Finalement, ce document nous a été utile », admet Jann. « Notre prédécesseur ayant publié sa comptabilité, nous disposions de chiffres concrets, renchérit Aline. Nous n’avions donc plus de doute quant à la faisabilité du projet. »

Avant la reprise du bail, le couple a travaillé avec le précédent locataire, découvrant son quotidien parmi 600 arbres fruitiers, 1000 poules pondeuses et un troupeau laitier. Une transition en douceur : « Nous avons pu poser toutes nos questions et nous familiariser avec toutes les facettes de l’activité. »

L’arrivée au Leimbihof

Depuis le 1er janvier 2025, Jann et Aline exploitent officiellement le Leimbihof. Pas de changement fondamental : production laitière, œufs et magasin de ferme restent les piliers de l’exploitation. En matière de processus et d’organisation en revanche, ils ont déjà apposé leur patte.

Pour Aline, le magasin de la ferme est bien plus qu’un point de vente, c’est un lieu de rencontre. « Rien n’a plus de sens que de vendre nous-mêmes nos produits », professe-t-elle. Armée de son sens du détail, elle rend l’endroit propice à la discussion et au partage : « Je préfère moi aussi faire mes courses dans un magasin bien décoré. D’ailleurs, nous accordons une grande place à l’expérience vécue, car il s’agit de notre carte de visite. »

Entre expérimentation et valeurs sûres

Tandis qu’Aline s’occupe du magasin, Jann met à profit son expérience de l’industrie laitière. Pour l’affouragement, il mise désormais sur une mélangeuse. En outre, la ville a investi dans un nouveau fenil. « Qui dit lait de qualité dit fourrage de qualité, et pour cela, il faut une bonne infrastructure », explique l’agriculteur.

Jann & Aline Deflorin-Tüfer Chef·fes d’exploitation 8041 Zurich

« Nous prenons le temps de renseigner toute personne sincèrement curieuse. »

Reprise de l’exploitation/du bail : 2025 | bétail laitier, poules pondeuses, arboriculture, vente directe (magasin de ferme) | 70 ha de SAU et entretien de 30 ha de surface écologique urbaine en CPE | activité à temps plein

La ferme sert aussi de laboratoire : le couple s’est ainsi lancé dans l’élevage de dindes dans une étable désaffectée. Comme pour les poules pondeuses, l’abattage se fait sur place dans l’abattoir mobile, puis la viande est vendue dans le magasin de ferme. « Il y a de la demande pour la viande de volaille. Restait à savoir si cette activité nous convenait », raconte Jann.
Ici, rien ne se perd : la viande des poules pondeuses en fin de vie est valorisée. Poules à bouillir, poitrines de poulet, burgers… Des produits dont raffole la clientèle.

Production, transformation et vente directe

Lait, œufs, viande, fruits, cidre : tous ces secteurs se portent à merveille. Le couple produit aussi confitures, sirop, spätzli et pain, vendus directement au Leimbihof. Face à cette abondance, il est prévu d’agrandir l’espace de production et de transformation. « L’infrastructure actuelle atteint ses limites », note l’agricultrice.

L’exploitation emploie actuellement trois personnes à plein temps, d’où l’importance pour la famille que l’exploitation soit pérenne et rentable. Il faut bien continuer à payer les salaires…

La ville : une réelle opportunité

Etre proche de Zurich recèle à la fois des opportunités et des difficultés : le magasin de ferme attire une clientèle certes aisée, mais exigeante en matière de qualité et de présentation. Une exploitation aux portes de la ville, c’est l’occasion de nouer le dialogue, que ce soit dans un contexte informel ou pour des demandes particulières.

Jann a ainsi assisté avec une vache à l’inauguration d’un restaurant en pleine agglomération. Autre requête surprenante : la ferme accueillera cet été le tournage d’une publicité pour une grande marque suisse de commerce en ligne. « Nous recevons des demandes presque chaque semaine, parfois saugrenues, parfois très intéressantes », sourit Jann.

Aline et lui s’efforcent d’être à l’écoute. « Nous prenons le temps de renseigner toute personne sincèrement curieuse. Cela fait partie des relations publiques », estiment-ils.