L’année 2023 a été marquée par des conditions météo extrêmes : à un printemps frais et humide a succédé un des étés les plus chauds, caractérisé par des épisodes de canicule et de sécheresse locale ; par ailleurs, après un automne ensoleillé, de fortes pluies en novembre ont compliqué les semis et les récoltes encore en cours. Ces conditions représentent des écueils tant pour les travaux des champs que pour les plantes, dont on attend malgré tout des rendements élevés et une qualité irréprochable. D’où la question : quels sont les leviers décisifs pour les exploitations et les entreprises de travaux agricoles afin de continuer à cultiver du maïs dans des conditions difficiles ?
Un large échantillon
Pour obtenir une image représentative de la situation actuelle et créer en même temps des bases pour des essais et de nouveaux outils, une enquête a été menée au printemps 2024. Sur les quelque 17 400 producteurs de maïs en Suisse, 2000 ont été contactés. De plus, 475 entreprises de travaux agricoles ont reçu le questionnaire. L’objectif était d’évaluer l’importance de 16 facteurs influençables et des facteurs environnementaux non maîtrisables, ainsi que de les classer par ordre de priorité.
Données clés de l’enquête sur la culture future du maïs en Suisse
Nombre d’agriculteurs, agricultrices et entrepreneurs agricoles contactés
Questionnaires envoyés : 2476
Réponses : 441
Utilisation du maïs
- Maïs ensilage : 68,3 %
- Maïs ensilage et grain : 16,5 %
- Maïs grain : 14 %
- Autres : 1,3 %
Répartition des réponses selon la région linguistique
- Allemand : 81,4 %
- Français : 18,1 %
- Italien : 0,5 %
Directives
- Conventionnel avec PER : 89,1 %
- Bio : 10,3 %
- Conventionnel sans PER : 0,5 %
Groupes d’exploitations
- Agricultrices et agriculteurs : 86,7 %
- Entrepreneurs agricoles : 13,3 %
Groupes d’âge
- 1949–1970 : 34,5 %
- 1971–1980 : 32,2 %
- 1981–2001 : 33,2 %
Région de culture du maïs
- Très favorable : 15,6 %
- Favorable : 36,6 %
- Moyenne : 33,4 %
- Limite : 14,3 %
Le sol, base de la culture du maïs
Les exploitations et entreprises de travaux agricoles ont défini des priorités similaires pour les facteurs influençables : en tête, la qualité du sol, suivie du choix des variétés et de la qualité de la récolte ; le contrôle des adventices arrive en quatrième position (voir graphique). Enfin, l’importance de la technique de récolte, de la répartition de l’espace entre les semis, des maladies et des ravageurs a été jugée moindre. Parmi les facteurs environnementaux non maîtrisables, la sécheresse et la modification de la répartition des précipitations ont été considérées particulièrement pertinentes pour l’avenir de la culture du maïs.
Comment les exploitations bio ont-ells spécifiquement répondu ?
Les exploitations bio attachent une importance particulière aux variétés compétitives, tandis que celles travaillant selon les PER privilégient davantage le rendement et la qualité. De plus, la teneur en protéines du maïs ensilage est jugée plus importante par les exploitations bio que celles appliquant les PER.
Ce qui assure l’avenir de la culture du maïs
S’agissant d’améliorer la qualité et la fertilité du sol, l’importance des rotations culturales et des cultures intercalaires a été jugée plus élevée par les exploitant·es plus âgé·es (> 55 ans) que par les plus jeunes (< 44 ans).
Pour les variétés futures, l’utilisation efficiente de l’eau figure en tête, au même niveau que le rendement. En ce qui concerne le maïs ensilage, une teneur en énergie élevée et une bonne digestibilité restent déterminantes, tandis que pour le maïs grain, de faibles teneurs en mycotoxines et une teneur en eau optimale sont prioritaires.
En matière de lutte contre les adventices, les entreprises de travaux agricoles voient encore l’application à grande échelle d’herbicides comme solution principale. Les agriculteurs·trices, en revanche, donnent la priorité pour l’avenir à l’application en bandes, combinée avec le désherbage entre les rangs.
Pour la fertilisation, l’azote reste considéré comme central. Les jeunes agriculteurs·trices lui attribuent une plus grande importance que les plus âgé·es. Les engrais verts pèsent davantage dans l’évaluation que la fumure de fond avec phosphore et potassium ainsi que la technique d’épandage. Les producteurs de maïs grain considèrent les engrais verts comme plus importants que les producteurs de maïs ensilage.
En matière de travail du sol, la charrue continuera selon l’enquête à dominer, suivie du semis sous litière et du semis en bande fraisée. Ni les entreprises de travaux agricoles ni les agriculteurs·trices ne voient le semis en bandes (« strip-till ») comme une méthode d’avenir significative pour la culture du maïs.
Les réponses permettent de conclure que les exploitations comme les entreprises de travaux agricoles souhaitent recourir de manière ciblée aux engrais verts afin d’améliorer la fertilité et l’approvisionnement en nutriments du sol, et qu’en ajustant l’intensité du travail du sol, elles entendent contribuer à une meilleure disponibilité en eau pour le maïs.
Des approches durables pour le maïs
L’enquête montre une tendance en faveur de méthodes ménageant les sols et visant à promouvoir fertilité et approvisionnement en eau. Parallèlement, elle souligne que les répondant·es attendent de la sélection qu’elle fournisse des variétés efficientes dans l’utilisation de l’eau, une caractéristique qui est considérée comme aussi importante que le rendement. Bien que l’examen des nouvelles variétés de maïs en Suisse sur deux ans ne fournisse pas encore une base de données suffisante pour évaluer cette caractéristique, des informations correspondantes figurent dans les documents des sélectionneurs, et les variétés plus tolérantes au stress sont signalées par des labels.