La récolte à l’aide d’un véhicule automoteur remonte à plus de 60 ans : c’est en 1961 que le constructeur New Holland présente son modèle SP818 équipé d’un bec à un rang pour la récolte du maïs, une machine qui a inspiré toutes les ensileuses automotrices actuelles. Quant aux constructeurs Claas et John Deere, ils proposent des ensileuses depuis le début des années 1970. Le progrès des machines est spectaculaire, notamment sur les plans suivants : puissance des moteurs, largeur de travail, qualité des équipements, précision de coupe et éclatement des grains. Michaël Randin, Alain et Philippe Martinet, et Patrice, le fils de ce dernier, possèdent à Vuitebœuf (VD) trois ensileuses Jaguar pour la récolte de l’herbe et du maïs ensilage. « Un avantage des Jaguar est que le moteur transversal ne nécessite pas de renvoi d’angle pour la transmission de force », explique Philippe Martinet.
Les réglages de l’ensileuse assurent la qualité du fourrage.
Fonctionnement et flux du fourrage
Depuis la tête de récolte, soit pour l’herbe, soit pour le maïs, le fourrage est amené par un système d’alimentation vers le cœur de l’ensileuse : le rotor, l’éclateur et l’accélérateur. La vitesse du fourrage passant entre les 4 ou 6 rouleaux d’alimentation influence aussi la longueur de coupe du fourrage. Ce dispositif est crucial, car il compresse et régule le flux de récolte afin que celui-ci soit le plus direct possible. « Des systèmes de détection de corps étrangers, pièces de métal ou pierres permettent d’éviter des dégâts à la machine », note Philippe Martinet. La récolte est ensuite transférée vers l’éclateur pour l’ensilage de maïs et directement vers l’accélérateur pour l’ensilage d’herbe. Combiné à une soufflerie, l’accélérateur accroît la vitesse de passage du flux de fourrage pour le propulser dans la goulotte jusqu’à la remorque de transport.
Le cœur de la machine
La fonction du rotor est d’assurer une longueur de coupe précise et régulière. « Cela nécessite une efficacité élevée du rotor et surtout un affûtage fréquent des couteaux ainsi qu’un contrôle régulier des contre-couteaux », déclare Philippe Martinet. Claas propose trois versions de son rotor V-Classic pour les ensileuses 800, cinq versions du rotor V-Max et quatre versions du rotor V-Flex sur les modèles 900. Les ensileuses de la série 1000 sont équipées du nouveau rotor V-Flex plus large et performant. Le montage de la moitié des couteaux ou de demi-couteaux permet la coupe en brins longs. Les ensileuses Katana disposent de 6 rouleaux d’alimentation qui favorisent une compression élevée de la récolte et la précision de coupe par le rotor de gros diamètre. John Deere mise sur un rotor unique en variant le nombre de couteaux. Ceux-ci sont de grande taille et renforcés au carbure de tungstène. Krone décline son rotor MaxFlow en trois modèles de respectivement 20, 28 et 36 couteaux. Le rotor muni de 20 lames autorise une longueur de coupe théorique jusqu’à 31 mm. New Holland équipe ses ensileuses d’un rotor très large de 884 mm et d’un diamètre important. Chez tous les constructeurs, les couteaux sont disposé en V sur un rotor fermé.
Philippe Martinet, agriculteur« Il faut affûter régulièrement les couteaux. »
Eclateurs
Le profil des rouleaux de l’éclateur et la différence de vitesse de rotation de ces derniers influence le niveau de conditionnement des grains. « Nos machines sont équipées d’un éclateur Schredlage pour le maïs ensilage », note Philippe Martinet. Une longueur de coupe courte permet de réaliser un ensilage conventionnel. Divers essais pratiques ont montré que les automotrices réalisent un ensilage de bonne qualité par rapport à la longueur de coupe et à l’éclatement des grains. Une puissance moteur élevée augmente le rendement de la machine, tandis que les réglages, un affûtage parfait des couteaux et le contrôle et le positionnement des contre-couteaux sont primordiaux pour assurer la qualité.
Notre conseil
Les clés pour un ensilage à l’aide d’une automotrice
– Affûter régulièrement couteaux et contrôler les contre-couteaux.
– Adapter la longueur de coupe au type d’ensilage.
– Choisir l’éclateur approprié.
– Contrôler le système de détection de corps étrangers.
– Exploiter la puissance du moteur tout en optimisant le flux de récolte.
Schredlage – brins longs et grains éclatés
La technique de l’ensilage Schredlage est apparue il y a une dizaine d’année et le constructeur Claas en est à l’origine. La longueur de coupe pour le Schredlage se situe à environ 25 mm et peut dépasser 30 mm selon la maturité des plantes. L’éclatement plus intensif des grains est obtenu par un rainurage en croix de l’éclateur et un différentiel de vitesse plus important entre les deux rouleaux de l’éclateur. Celui-ci atteint jusqu’à 50 % pour l’ensilage brins longs, contre environ 30 % en ensilage conventionnel. Grâce au profil particulier des rouleaux, les éclateurs écrasent et cisaillent les tiges, feuilles, spathes, rafles et grains du maïs dans deux directions. Le but de la technique est de déchirer les morceaux de tiges dans le sens de la longueur et de pulvériser les grains afin d’obtenir plus de structure favorisant la rumination et une meilleure digestibilité de l’ensilage. Les constructeurs d’ensileuses proposent divers types d’éclateurs à profil spécifique, conçus pour un ensilage brins longs (MCC Schredlage, RS-Cracker, DuraSchredder, etc.) et plusieurs différentiels de vitesse des rouleaux.
