Face à la nécessité croissante d’adopter des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, l’Union européenne a interdit de nombreux insecticides de synthèse, notamment les néonicotinoïdes. La culture du colza est particulièrement concernée, car elle nécessite de nombreux traitements contre les adventices et les insectes ravageurs. De plus, la résistance croissante des insectes aux insecticides renforce le besoin de solutions alternatives durables.
Les principaux ravageurs
Parmi les principaux ravageurs du colza en Europe, on trouve quatre coléoptères: les petites altises (Phyllotreta spp.), l’altise d’hiver (Psylliodes chysocephala), le charançon de la tige du colza (Ceutorhynchus napi) et le méligèthe du colza (Brassicogethes aeneus).
La culture associée
Une alternative étudiée est la culture associée qui consiste à cultiver le colza avec des plantes compagnes. Ces plantes, comme la vesce, la fèverole ou le trèfle, ne sont pas cultivées pour être récoltées, mais permettent d’améliorer les performances environnementales et la production de la culture principale. Elles peuvent réduire la concurrence des adventices, améliorer la fertilisation et diminuer les dégâts causés par certains insectes.
Un essai en plein champ a été conduit pendant deux ans sur les parcelles d’Agroscope Changins pour comparer le colza en culture pure avec le colza associées à des fèveroles d’hiver (résistantes au gel), de printemps (gélives) ou des plantes artificielles. L’essai avait pour but d’étudier l’impact des plantes compagnes sur les ravageurs du colza ainsi que les mécanismes d’actions permettant une réduction de leur incidence.
Mécanismes d’action
L’ajout de plantes compagnes dans les cultures peut réduire l’incidence des insectes nuisibles par trois types de mécanismes d’action: visuels, physiques et chimiques, qui peuvent agir séparément ou en combinaison.
Effet des féveroles utilisées comme plantes compagnes sur les ravageurs du colza
Dans l’essai, la culture du colza a été associée à des féveroles. Les plantes compagnes sensibles au gel, bien qu’utiles en automne, sont souvent détruites en hiver, ce qui limite potentiellement leur effet sur les ravageurs printaniers. D’où l’intérêt d’étudier l’effet de féveroles résistantes au gel comparées aux féveroles de printemps(sensibles au gel) sur l’ensemble du complexe de ravageurs tout au long du cycle du colza, et d’évaluer leur impact sur le rendement.
L’étude montre que l’association du colza avec des féveroles de printemps ou d’hiver réduit significativement l’incidence des principaux insectes ravageurs. Ces systèmes d’associations diminuent les dégâts causés par les petites altises et réduisent le nombre d’adultes d’altises d’hiver à l’automne. Au printemps, on observe aussi moins de piqûres d’oviposition du charançon de la tige et moins de méligèthes adultes dans les parcelles avec féveroles. L’association du colza à la féverole de printemps (gélive) réduit de manière plus marquée l’incidence des charançons de la tige et des méligèthes que l’association avec la féverole d’hiver. Cet effet pourrait s’expliquer par la présence au printemps des tiges lignifiés de la féverole de printemps très visibles au-dessus du colza, malgré leur gel en hiver.
L’association avec les plantes artificielles a réduit l’incidence des quatre insectes ravageurs étudiés par rapport au colza cultivé seul, mais de façon plus modérée que l’association avec les féveroles naturelles. Les plantes compagnes exercent donc une perturbation physique et/ou visuelle sur les insectes ravageurs, réduisant leur incidence. Comme ce point ne permet pas d’expliquer entièrement le résultat observé avec les féveroles, un effet chimique pourrait aussi être impliqué.
Le colza associé avec la féverole n’a pas subi de perte de rendement, avec une tendance à de meilleurs rendements lorsque le colza est associé à la féverole de printemps.
Source et texte: Agroscope